Carte blanche à Sophie Gent

Le compositeur
Heinrich Ignaz Franz Biber (1644–1704) est l’une des figures majeures du violon baroque. Né à Wartenberg (aujourd’hui Stráž pod Ralskem, République tchèque), il débute à Kroměříž au service du prince-évêque d’Olomouc, puis rejoint Salzbourg où il gravit les échelons jusqu’à devenir Kapellmeister et doyen de l’école de chœur ; l’empereur Léopold Ier l’anoblit en 1690. Ses œuvres, célèbres de son vivant, illustrent une virtuosité novatrice du violon (positions élevées, doubles cordes) et l’usage expressif de la scordatura. Parmi ses partitions les plus connues figurent les Mystery/Rosary Sonatas et la Passacaille en sol mineur pour violon seul, pages emblématiques par leur dramaturgie et leur poésie instrumentale. Biber meurt à Salzbourg en 1704, laissant un catalogue qui va des sonates de chambre aux vastes fresques sacrées comme la Missa Salisburgensis.

L’œuvre
Heinrich Ignaz Franz Biber est une figure marquante du violon baroque. Les deux sonates au programme (n° 5 en mi mineur et n° 6 en do mineur, publiées en 1681) montrent un violon tour à tour chantant et virtuose, soutenu par le clavecin : on y entend des préludes libres, des airs, des variations et des danses. La Passacaille en sol mineur, dite de « l’Ange gardien », est une pièce méditative construite sur une même ligne de basse qui se répète ; elle conclut le célèbre cycle des Sonates du Rosaire et met le violon seul au premier plan.

Le compositeur
Johann Jakob Froberger (1616–1667) est l’une des grandes voix du clavier au XVIIe siècle. Né à Stuttgart, il entre au service de la cour impériale de Vienne comme organiste (1637), puis obtient un congé pour se perfectionner à Rome auprès de Girolamo Frescobaldi, dont il assimile la rhétorique improvisatoire et la liberté de la toccata. Sa carrière le mène ensuite entre Vienne et de longs voyages (notamment à Paris et Bruxelles), où il façonne une écriture qui marie l’héritage italien (toccatas, ricercari) et le goût français des danses stylisées. Figure admirée de son vivant, il meurt à Héricourt en 1667, laissant des manuscrits autographes majeurs (Libro Secondo, 1649 ; Libro Quarto, 1656 ; Libro di capricci e ricercate, v. 1658) dédiés à l’empereur Ferdinand III.

L’œuvre
La Toccata XII en la mineur (FbWV 112) appartient au groupe de six toccatas du Libro Quarto (1656). Ces pages, plus ramassées que celles de 1649, alternent élans libres et brefs épisodes imitatives : un discours « par à-coups », fait de suspensions expressives, de traits arpégés et de contrastes d’affects, qui transpose au clavecin l’art oratoire appris chez Frescobaldi. La pièce, notée sans barre de mesure contraignante, invite à une liberté mesurée du rubato et du toucher, typique de la pratique « avec discrétion » associée à Froberger.

La violoniste australienne Sophie Gent a étudié au Conservatoire royal de La Haye avec Ryo Terakado. Vivant actuellement en France, Sophie se produit régulièrement, comme premier violon, avec les ensembles les plus renommés du moment, comme le Collegium Vocale de Gand (Philippe Herreweghe), le Freiburger Barockorchester, Ricercar Consort (Philippe Pierlot), Pygmalion (Raphaël Pichon), Arcangelo (Jonathan Cohen), entre autres. Elle joue en récital et en musique de chambre, souvent avec Bertrand Cuiller, Kristian Bezuidenhout, Jean Rondeau, Maude Gratton et Pierre Hantaï.

Professeure de violon baroque au Conservatoire d’Amsterdam de 2011 à 2014, elle a également donné des masterclasses au Conservatoire d’Anvers, à l’Atelier de musique ancienne de Jérusalem, à l’Abbaye aux Dames de Saintes. Depuis 2012, elle enseigne à l’Académie de musique ancienne à Vannes et, depuis 2022, au Stage de musique ancienne à Cluny (Ensemble Masque). Elle est actuellement professeure de violon baroque à la Haute école de musique de Genève.

Sophie joue un violon de Jacob Stainer de 1676.

Organiste, claveciniste, improvisateur, Paul Goussot est titulaire de l’orgue Dom Bedos (1748) de l’abbatiale Ste-Croix de Bordeaux. Professeur à la Haute École de Genève en basse-continue et en improvisation, il enseigne également l'orgue au conservatoire de Rueil-Malmaison.

Paul Goussot est régulièrement invité en concert en France comme à l’étranger. Il s'est produit dans des lieux et festivals prestigieux, plus récemment à l'église St-Sulpice à Paris, au Forum National de Musique de Wroclaw (Pologne), à la cathédrale de Genève, au festival de San Diego Early Music Society lors d'une tournée aux USA avec le Ricercar Consort de Philippe Pierlot, à la Philharmonie de Paris avec l'Ensemble Correspondances (Sébastien Daucé).

Musicien éclectique, Paul Goussot accompagne de nombreux films muets, dessins animés (Taupek de Zdeněk Miler à l'Auditorium de Lyon), spectacles ("mon orgue à histoires" avec la conteuse Élodie Fondacci, "La Fontaine improvisé" avec le comédien Pierre-Alain Clerc au festival Toulouse les orgues).

Né en 1984 à Bordeaux, Paul Goussot a été formé par la claveciniste Huguette Dreyfus avant d'intégrer le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où il a reçu l’enseignement d’Olivier Baumont, Blandine Rannou, Michel Bouvard, Olivier Latry, Jean-Claude Raynaud, Jean-Baptiste Courtois, Thierry Escaich, Philippe Lefebvre et Jean-François Zygel. Il y obtient 5 premiers prix en clavecin, orgue, harmonie, contrepoint, fugue et formes, les prix de basse-continue et d’improvisation, et deux Masters de pédagogie en clavecin et en orgue.

Paul Goussot s’est distingué lors de plusieurs concours internationaux :

• 3ème prix d’interprétation au concours international d’orgue « Musica Antica » de Bruges
• 3ème prix d’interprétation au concours international d’orgue de St-Maurice (Suisse)
• 1er prix d’improvisation au concours international de Luxembourg
• 1er prix d’improvisation du 26ème concours international d’orgue de St-Albans
• 1er prix et prix du public au 49ème concours international d’improvisation de Haarlem

Paul Goussot est lauréat-boursier de la Fondation Meyer ainsi que lauréat-boursier de l’Adami.