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Cette soirée rend hommage en deux temps à Arnold Schönberg, compositeur et penseur majeur de la musique moderne, à l’occasion du 150e anniversaire de sa naissance et de la publication aux Éditions Contrechamps d’une traduction complète de ses écrits.
19h | Musique en dialogue #1
L’édition exceptionnelle des Écrits d’Arnold Schönberg, co-publiée avec la Philharmonie de Paris pour ses 150 ans, rassemble plus de 250 textes, dont de nombreux inédits. Elle révèle un artiste voulant être reconnu aussi comme écrivain. Textes de fiction, essais musicaux, témoignages, polémiques, récits autobiographiques et réflexions s’y répondent, offrant une immersion unique dans l’univers et la pensée de Schönberg.
Rencontre animée par Philippe Albèra, directeur des Éditions Contrechamps, en présence de Jean-Pierre Collot, traducteur et éditeur du livre Schönberg : Écrits 1890-1951 publié par les Éditions Contrechamps.
20h | Concert
Sous la direction de Heinz Holliger, les étudiant-e-s de la HEM interpréteront des œuvres emblématiques du compositeur viennois, révélatrices d’un moment charnière dans l’histoire de la musique.
Les Drei Klavierstücke opus 11 (1910) et les Sechs Kleine Klavierstücke opus 19 (1911) quittent le terrain balisé de la tonalité pour s’aventurer dans un univers inédit, dit atonal. En contraste, la Kammersymphonie opus 9 (1906), composée quelques années plus tôt, s’appuie encore sur une écriture tonale élargie tout en amorçant les innovations de Schönberg. En écho à l’arrangement pour ensemble de Heinz Holliger, quatre étudiants de la classe de composition de la HEM relèveront le défi de proposer une nouvelle transcription de ces pièces, poursuivant ainsi le dialogue avec la modernité radicale du compositeur.
Arnold Schönberg
Drei Klavierstücke Op. 11 (1910)
Sechs Kleine Klavierstücke Op. 19 (1911)
Kammersymphonie Op. 9 (1906)
Direction, Heinz Holliger
Étudiants de la classe d’orchestration de Victor Cordero de la HEM, Enzo Sourhane, Nathan Alizé, Felix Cahen-Schade, Iago Prevost
Pianos solo, Jean-Pierre Collot et Andrea Jermini
Orchestre de la HEM
Heinz Holliger est l'un des compositeurs et hautboïstes les plus sollicités de notre époque. Né en 1939 à Langenthal, en Suisse, il a étudié à Berne, Paris et Bâle : le hautbois avec Émile Cassagnaud et Pierre Pierlot, le piano avec Sava Savoff et Yvonne Lefébure, et la composition avec Sándor Veress et Pierre Boulez. Après avoir remporté les premiers prix aux Concours internationaux de Genève et Munich, il entame une carrière prestigieuse de hautboïste et se produit sur les plus grandes scènes du monde, contribuant à élargir les possibilités techniques de son instrument. De nombreux compositeurs contemporains, parmi lesquels Berio, Carter, Ligeti, Lutosławski, Messiaen et Penderecki, lui ont dédié leurs œuvres.
En tant que chef d'orchestre, Heinz Holliger travaille régulièrement avec des orchestres prestigieux tels que l'Orchestre Philharmonique de Berlin, le Cleveland Orchestra, l'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam, le Philharmonia Orchestra de Londres, l'Orchestre symphonique de la Radio bavaroise, les Orchestres Philharmonique et Symphonique de Vienne, ainsi que l'Orchestre de la Suisse Romande et le Chamber Orchestra of Europe. Sa carrière de compositeur est tout aussi remarquable : ses œuvres, éditées en exclusivité par Schott Musik International, témoignent de son intérêt pour la musique contemporaine et son influence dans la diffusion de nouveaux talents. Parmi ses créations les plus marquantes figurent son opéra Schneewittchen, inspiré de Robert Walser, le Scardanelli-Zyklus, le Concerto pour violon, ainsi que Lunea, produit à l'Opéra de Zurich en 2018.
De nombreux prix et distinctions ont été attribués à Heinz Holliger, dont le prix des compositeurs de l'Association Suisse des Musiciens, le prix Léonie-Sonnig de la ville de Copenhague, le Grand Prix Suisse de Musique, ainsi que le prix Robert Schumann de la ville de Zwickau en 2017. Il est nommé Membre honoraire de l'American Academy of Arts and Sciences et docteur honoris causa de l’Université de Zürich. Il a également reçu de nombreuses distinctions pour ses enregistrements, tels que le Diapason d'Or, le Midem Classical Award, le Grand Prix du Disque et le Premio Abbiati della Critica discografica pour le meilleur enregistrement de l'année 2021.
En tant que soliste, compositeur et chef d'orchestre, Heinz Holliger a réalisé de nombreux enregistrements pour Teldec, Philips et ECM. Parmi les enregistrements les plus récents, citons l'Elégie de Schoeck avec Christian Gerhaher et l'Orchestre de Chambre de Bâle (Sony), ainsi que Bernd Alois Zimmermann – recomposed (Wergo). Il a aussi dirigé une intégrale des symphonies de Schumann, parue chez Audite, et celle de Schubert, qui s'est achevée en 2020.
L'ensemble de son œuvre, tant dans l'interprétation que la composition, fait de Heinz Holliger une figure incontournable de la musique contemporaine.
Jean-Pierre Collot, pianiste, a suivi sa formation au CNSM de Paris, où il a brillamment obtenu les premiers prix de piano et de musique de chambre sous la direction de Jean-Claude Pennetier et Christian Ivaldi, avant de se perfectionner en accompagnement auprès de Jean Koerner. À travers l'enseignement de professeurs tels que Elena Varvarova, Evgueni Malinine ou Rudolf Kerer et une attirance profonde pour l'histoire de l'interprétation, la tradition russe exerce également sur lui une influence déterminante.
Nourri dès l’enfance par un environnement artistique foisonnant, il découvre la musique contemporaine dans sa ville natale, Metz. La révélation de Kontakte de Karlheinz Stockhausen, suivie de Chant des adolescents, agit comme un déclencheur. Dans les années 70 et 80, Metz se distingue par son dynamisme culturel et ses créations visionnaires, attirant des figures comme l’écrivain Philip K. Dick. Cette effervescence inspire Jean-Pierre Collot à explorer l’univers de la musique contemporaine, le conduisant à collaborer avec des ensembles parisiens prestigieux tels que l’Ensemble Intercontemporain, l’Ensemble Fa et TM+ entre 1993 et 2003.
Sa riche discographie, saluée par la critique, inclut des œuvres majeures telles que Universe (2016), qui met en regard Debussy et Sciarrino, Espaces imaginaires (2019), consacré à Jean Barraqué, et Spectral Visions of Goethe (2020), un voyage au cœur des cycles Schubert-Goethe. En 2022, il signe Marche fatale, une réinterprétation contemporaine de la Symphonie Pastorale.
Jean-Pierre Collot partage également son expertise à travers des masterclasses et conférences dans le monde entier. Jusqu’en 2017, il enseigne dans le cadre de l’académie d’été de l’Ensemble Recherche. De 2019 à 2021, en collaboration avec Isabel Mundry, il approfondit des réflexions novatrices sur la nuance, le timbre et les interactions entre musique et arts plastiques.
En 2020, il publie aux Éditions Contrechamps Maria Youdina et Pierre Souvtchinsky, corresondance et documents (1959-1970) suivie en 2024 d'Arnold Schönberg, Écrits (1890-1951), coédité avec la Philharmonie de Paris.
Jean-Pierre Collot réside à Munich, où il poursuit une quête artistique toujours renouvelée.
Arnold Schönberg est une figure majeure de la musique du 20e siècle, à la fois compositeur, théoricien et pédagogue d’envergure mondiale. Né le 13 septembre 1874 à Vienne, il se forme presque seul, étudiant les œuvres de Bach, Mozart, Beethoven et Brahms. Ses débuts, marqués par des influences de Wagner et Strauss, donnent naissance à des œuvres comme La Nuit transfigurée.
Pionnier de l’avant-garde, Schönberg révolutionne l’harmonie en abandonnant la tonalité dès 1908, explorant des dissonances inédites. Son chef-d'œuvre, Pierrot lunaire (1912), illustre cette liberté, intégrant le Sprechgesang, un mélange de chant et de parole. Entre 1921 et 1923, il conçoit la composition sérielle, substituant l’ordre tonal par une organisation rigoureuse des 12 notes de la gamme chromatique. Cependant, il adapte parfois son propre système, refusant de s’enfermer dans une méthode figée.
Contraint à l’exil en 1933 pour échapper au nazisme, Schönberg s’installe aux États-Unis où il enseigne et compose jusqu’à sa mort à Los Angeles le 13 juillet 1951.
Innovateur audacieux, Schönberg marque un tournant radical dans l’histoire de la musique, libérant la création des conventions tonales. Il ouvre ainsi la voie à une pluralité d’expressions dans la musique contemporaine, bien que cette rupture ait distendu le lien entre les compositeurs modernes et le grand public. Ses contributions continuent d’inspirer et de diviser, inscrivant son œuvre dans une quête permanente de renouveau artistique.
Les Drei Klavierstücke Op. 11 (Trois pièces pour piano) constituent un jalon essentiel dans l'évolution artistique d'Arnold Schönberg. Composées entre 1909 et 1910, elles marquent une transition décisive de la tonalité traditionnelle vers une atonalité libre, délaissant les cadres harmoniques établis pour une exploration audacieuse de nouvelles possibilités expressives.
Le premier morceau se caractérise par une atmosphère onirique et introspective, où les harmonies flottantes semblent capturer les méandres des réflexions intérieures.
Le second, quant à lui, joue sur des contrastes rythmiques et dynamiques saisissants, alternant entre des moments de tension et des passages empreints de sérénité.
La troisième pièce, enfin, frappe par son intensité, l’audace de ses textures sonores et ses juxtapositions harmoniques inattendues.
Ces trois pièces traduisent la quête de Schönberg vers un langage musical qui transcende la structure tonale classique, offrant une palette nouvelle, capable de rendre les émotions humaines dans toute leur complexité.
Les Sechs Kleine Klavierstücke Op. 19 (1911) comptent parmi les chefs-d'œuvre du minimalisme expressif. Composées en 1911, ces six courtes pièces, dont chacune dure moins d'une minute, parviennent à capturer l'essence de moments musicaux d'une pureté et d'une concentration remarquables.
Ces miniatures sont un condensé d'émotions : malgré leur brièveté, elles déploient des atmosphères variées, allant de la mélancolie à l'élégance, en passant par la méditation ou l’émerveillement. Chaque pièce est une exploration subtile de l'émotion, révélant des mondes intérieurs en quelques mesures seulement.
L’originalité de la forme et l’économie de moyens caractérisent ces pièces : Schönberg y condense des idées musicales d’une richesse frappante, démontrant un sens aigu de la précision et de la densité expressive. Elles sont le reflet de sa recherche constante de la clarté et de la profondeur dans l'économie des moyens.
La quatrième pièce, écrite en réaction à la mort de Gustav Mahler, se distingue par sa gravité, semblant être une sorte de requiem intime, un hommage muet à son ami et mentor.
Avec ces Sechs Kleine Klavierstücke, Schönberg démontre comment la musique peut transcender les structures traditionnelles pour exprimer l'intime et l'éphémère, faisant de ces œuvres de véritables bijoux de concision et de profondeur.
La Kammersymphonie Op. 9 (Symphonie de chambre) est une œuvre d'une importance cruciale dans l'évolution du langage musical d'Arnold Schönberg. Composée en 1906, elle incarne la modernité naissante du début du 20e siècle, annonçant déjà des bouleversements stylistiques profonds.
Avec un format innovant, cette œuvre, bien que qualifiée de « symphonie », est écrite pour un ensemble restreint de quinze instruments, se positionnant à la croisée de la musique de chambre et de l'orchestre symphonique. Cet effectif restreint lui confère une subtilité et une transparence sonores qui la distinguent des grandes symphonies traditionnelles.
La Kammersymphonie se caractérise par son unité de construction : elle se déploie en un seul mouvement qui parvient à allier la clarté architecturale de la forme classique à une grande richesse harmonique et contrapuntique. Schönberg y montre une maîtrise remarquable de la structure, tout en brouillant les frontières formelles pour créer un flux musical dynamique et ininterrompu.
Le langage musical de cette œuvre est particulièrement audacieux pour l'époque. Schönberg y explore des harmonies nouvelles et une écriture contrapuntique dense, qui témoignent de son penchant pour l'innovation et annoncent déjà sa transition vers l'atonalité. La Kammersymphonie Op. 9 est ainsi une pierre angulaire dans la quête de Schönberg vers un langage musical libéré des conventions, tout en restant ancré dans l'héritage classique.
Pianos solo, Jean-Pierre Collot (artiste invité), Andrea Jermini
Violons, Valeria Vecerina, Iryna Borysova
Alto, Gatien Leray
Violoncelle, Leonor Mateus
Contrebasse, Pierluigi Ricci
Flûte /piccolo, Nikolai Song
Hautbois, Varvara Petrova, Yuliia Drach
Clarinettes, Francesca Bolognesi, Quentin Chartier
Clarinette basse, Leonídio Dykiy
Basson, Gustavo Prisco
Contrebasson, Maxime Hargous
Cors, Samuel Marques, Léo François
Percussion, Loïc Morin
Harpe, Laudine Dard
Célesta, Zhao Zijing
Piano, Giulia Contaldo
Harmonium, Elizaveta Lobanova