Musique contemporaine

Katharina Rosenberger, née à Zurich, est professeure de composition et a enseigné la composition et l'art sonore à l'Université de Californie à San Diego et à l'Université de musique de Lübeck. Elle occupe actuellement le poste de professeure de composition à la HEM - Haute école de musique de Genève / Université de musique de Genève, et est codirectrice artistique de SONIC MATTER, plateforme et festival de musique expérimentale à Zurich.    

« SPUREN ramène l'auditeur au début des années 1940, une période extrêmement difficile et bouleversante en Allemagne, non seulement pour ma famille, mais aussi pour le monde entier. Cette composition est dédiée à mon père, à sa sœur, ma tante, et à mes grands-parents, qui ont fui la Prusse orientale pour retourner dans leur pays natal, la Suisse, au début de l'automne 1944. J'ai entendu de nombreuses anecdotes sur leur fuite, la séparation de la famille, les préparatifs et le départ, et j'ai bien sûr entendu leur chagrin pour leur enfance perdue.

La composition SPUREN, avec ses vagues sonores toujours plus fortes et ses sons de guitare électrique qui envahissent le public, évoque l'approche de l'ennemi et le destin inévitable de fuir et d'abandonner sa maison et sa ville natale. SPUREN évoque également l'image de la patrie perdue – en partie claire, en partie déformée ou de plus en plus floue – qui émerge des profondeurs de la mémoire »

Site web de Katharina Rosenberger

Si John Cage n’est pas le premier artiste à avoir modifié la sonorité d’un piano en y insérant des objets, le compositeur américain a innové en consacrant un important corpus d’œuvres au piano préparé, transformant son instrument en un orchestre de percussion miniature. Il écrit notamment le cycle des Sonates et Interludes, qui assoit son succès sur la scène musicale internationale et reste de nos jours particulièrement apprécié. Il est donné dans sa version intégrale par les étudiant-e-s des classes de piano de la HEM, préparés par Cédric Pescia.

Le trio Catch, ensemble de musique de chambre violoncelle clarinette piano spécialiste de la musique contemporaine, est en résidence à la HEM pour cette année académique. Ils collaboreront avec la classe de composition de Katharina Rosenberger pour donner une masterclass de composition (11/12/25) et créer des œuvres écrites spécialement par les étudiant-e-s pour leur formation (27/03/26). Ils donneront également une masterclass de musique de chambre contemporaine (12/12/25) pour préparer nos étudiant-e-s aux différent-e-s manifestations de l’année.

« Catch! Attraper le public par la musique, c’est l'ambition du Trio Catch ! Faire apprécier le timbre particulier des instruments de ce trio grâce à la virtuosité du jeu tout en recherchant un son commun et unique, voilà ce qui rend le Trio Catch si particulier. Il se compose de Martin Adámek (clarinette), Eva Boesch (violoncelle) et Sun-Young Nam (piano).

Le trio a collaboré depuis déjà 14 ans, avec de nombreux compositeurs - dont Mark Andre, Georges Aperghis, Beat Furrer et Helmut Lachenmann - pour différents enregistrements de disque et de radio. Leur premier CD « In Between » paraît en 2014 sur le label Col Legno, suivi du second CD « Sanh » en mars 2016. En 2019, le label bastille musique a publié le CD "As if", qui a reçu le prix de la critique allemande de disques ( Preis der deutschen Schallplattenkritik ), le Supersonic Award Luxembourg et la Clef d'Or de ResMusica en France. Leur dernier album « Gassenhauer » est sorti sur le label bastille musique en 2024 »

Site web du Trio Catch

Trois institutions musicales genevoises (la Haute Ecole de Musique, le Conservatoire Populaire de Musique et le Conservatoire de Musique de Genève) s’associent pour un événement unique : l’intégrale des Jatekok, recueils de pièces pédagogiques pour piano conçus par le compositeur hongrois György Kurtág, qui fête ses 100 ans en 2026 sans cesser son activité de création. György Kurtág a un fort lien avec la Haute Ecole de Musique de Genève : il est venu y donner des classes de maître et sa musique y est régulièrement mise à l’honneur. Les Jatekok représentent particulièrement bien son art de l’aphorisme, de la miniature, avec tout un monde musical et une grande diversité d’émotions exprimés en seulement quelques notes. Premier volet d’une série d’événements qui seront consacrés au compositeur hongrois cette année à la HEM, cette intégrale est portée par Cédric Pescia et réunit des élèves des trois institutions. Elle aura lieu à la salle Franz Liszt du Conservatoire de Musique de Genève dans le cadre du festival Open Bach.

Le claviériste et compositeur suisse Nik Bärtsch est invité par la classe de percussion de la HEM pour deux jours de masterclasse sur ses œuvres puis un concert de restitution au cours duquel sa musique sera mise à l’honneur.  Musicien de « l’extase par l’ascétisme », Nik Bärtsch élabore des œuvres qui s’apparentent à des rituels et se rattachent au minimalisme. Il décrit ainsi son art : « Ma pensée et ma musique s'inspirent de la tradition de l'espace urbain. Elles ne sont pas issues d'une tradition nationale ou stylistique, mais du son universel des villes. La ville, dans sa diversité rugissante, exige une capacité à se concentrer sur l'essentiel : mesurer ses actions, rester silencieux au bon endroit. Cette musique puise son énergie dans la tension entre la précision compositionnelle et l'auto-contournement de l'improvisation. De la restriction auto-imposée naît la liberté »

Site internet de Nik Bärtsch

La HEM met à l’honneur le compositeur italien Luciano Berio dans sa saison 2025-2026. Deux concerts lui sont intégralement consacrés : l’un bâti autour de ses Sequenzas (17 mars 2026), l’autre autour de Coro (26 avril 2026).

Dans chacune de ses Sequenzas, œuvres virtuoses écrites pour un instrument solo, dont la composition s’étaler sur plus de 40 ans, Berio cherche à « consacrer un accord particulier entre le compositeur et l’interprète » qui soit le « témoignage d’un rapport humain » (Luciano Berio, référence citée ici). C’est ainsi que ces pièces ont été conçues en étroite collaboration avec l’artiste pour lesquelles elles ont été pensées. Elles requièrent souvent l’exploration de nombreuses techniques étendues, voire d’une certaine théâtralité.       
« Luciano Berio était l’un des rares compositeurs de l’avant-garde ouvert à toutes les musiques, qu’il articule et travaille dans ses œuvres. Il a ainsi intégré certaines sources populaires, y compris celles de la musique pop ou du jazz, des citations plus ou moins explicites d’Autriche du répertoire, tout en s’appuyant sur des textes poétiques et en cherchant à donner une dimension éthique et politique à son message. C’est le cas de sa grande pièce pour chœur et instruments, Coro, qui mêle des sources populaires et savantes où se confrontent voix individuelles et voix collectives, chants d’amour et chants de révolte, sources archaïques et formes modernes, poésie populaire et un poème engagé de Pablo Neruda ».

(Texte de Philippe Albèra)

Le compositeur franco-argentin Luis Naon, professeur d’électroacoustique à la HEM depuis 2006.
Voici comment il décrit l’œuvre interprétée lors de ce concert de l’ensemble Hémiphère de la HEM :

Caprice n.m.  envie subite et passagère, fondée sur la fantaisie et l’humeur.

L’idée des caprices est née d’une proposition d’approfondissement et de recherche sur la synthèse par modèles physiques – il s’agit de la production de sons électroniques ayant comme base la modélisation de cordes et excitateurs divers – en relation avec un instrument. Dans un premier temps, cette idée était proche de la réalisation d’un cahier d’études. Le caractère virtuose et la nature fantaisiste, les changements fréquents et imprévisibles de la synthèse elle-même dans le travail de préparation ont acheminé l’œuvre vers cette dénomination plus appropriée. Ces Caprices sont doublement virtuoses. Ils proposent à l’instrumentiste, un morceau rapide et de bravoure et, par opposition, une pièce lente, non moins virtuose, mais centrée sur la volubilité et le timbre. D’une durée approximative de 4 à 5 minutes chacune, ces petites pièces démonstratives cernent, chacune à sa manière, un aspect spécifique des l’instruments acoustique et informatique. La situation et le caracter musicale de ces pièces est d’ordre concertant : en effet le soliste visible est entouré, épaulé ou contredit par une foule d’instruments virtuels, parfois proches de lui, parfois très éloignés. Le rythme, le phrasé, le timbre et la morphologie constituent les points de rencontre entre ces deux univers. Le calendrier de réalisation de ces Caprices s’est étalé sur près d’un an et demi de recherches en partenariat avec les développeurs et ingénieurs de l’IRCAM, et d’étroite collaboration avec Manuel Poletti, dont l’approche et le design d’outil spécifiques ont été un apport inestimable.

Les Caprices 1 & 2 pour violon constituent le premier de trois dyptiques qui, sous le nom de « 6 Caprices » intègrent le cycle Urbana.

Site internet de Luis Naón

L’artiste sonore allemande Christina Kubisch est mise à l’honneur à la fois par le festival Archipel et par la HEM Genève. Elle donnera plusieurs séminaires et masterclass entre le 16 et le 21 avril, puis Identikit, une pièce pour 5 pianistes (sur un seul piano !) sera interprétée le 23 avril par des étudiant-e-s de la HEM préparées par Cédric Pescia.              

La pratique de Kubisch s’étend des performances et concerts aux œuvres vidéo et visuelles,  mais elle est surtout connue pour ses installations sonores et ses compositions électroacoustiques. Kubisch a créé ses propres stratégies artistiques en développant et en transformant des technologies telles que  la lumière ultraviolette, l’énergie solaire ou l’induction électromagnétique. Dans ses installations, elle fusionne les arts audio et visuels afin de créer des expériences multisensorielles pour les participants, qui sont invités à devenir actifs en tant qu’auditeurs et interprètes.  Depuis 2003, elle réalise à travers le monde la série en cours « Electrical Walks », des promenades sonores dans des espaces urbains, où les champs électromagnétiques sont amplifiés et rendus audibles grâce à des écouteurs spécialement conçus à cet effet.

Site internet de Christina Kubisch

Le Festival Archipel et la HEM Genève rendent hommage à l’artiste autrichien Peter Ablinger, disparu au printemps 2025, qui s’exprime à la frontière des arts plastiques et musicaux. Plusieurs de ses œuvres de musique de chambre et œuvres avec électronique seront présentées par des étudiant-e-s de la HEM préparé-e-s par Joshua Hyde.        

« Les sons ne sont pas des sons ! Leur rôle est de détourner l’attention de l’intellect et d’adoucir les sens. Même entendre n’est pas entendre : entendre est ce qui me crée . » Peter Ablinger, né en 1959 à Schwanenstadt en Autriche, est selon Christian Scheib, un « mystique de l’élucidation » dont les « appels et les litanies aspirent à la  connaissance". Mais en même te’ps, le composi’eur qui, suite’à des études d’arts graphiques, a étudié au prés de Gösta Neuwirth et de R’man Haubenstoc’-Ramati et vit depuis 1982 à Berlin, est un sceptique, pleinement conscient des règles du jeu culturelles et des (mauvaises) habitudes imposées par la tradition : « Continuons donc à jouer en affirmant que les sons sont lá pour entendre (et non pas pour être entendus, c’est autre chose), et entendre pour écouter. Je n’en sais pas plus. » (Christian Baier)

Site internet de Peter Ablinger

Sous l’impulsion de Maroussia Gentet, professeure de musique de chambre avec piano de la HEM, les étudiant-e-s de la HEM s’emparent du riche catalogue de la compositrice franco-américaine Betsy Jolas, qui souffle ses 100 bougies en 2026. Betsy Jolas est une artiste récompensée par de nombreux prix. Elle a notamment été distinguée par la Fondation Copley de Chicago (1954), l’O.R.T.F. (1961), I’American Academy of Arts (1973), la Fondation Koussevitsky (1974), et a obtenu le Grand Prix National de la Musique (1974), le Grand Prix de la Ville de Paris (1981) et le grand Prix de la SACEM (1982). Elle a enseigné l’analyse et la composition au Conservatoire de Paris et dans plusieurs universités américaines. Figure incontournable de la musique contemporaine depuis le milieu du XXe siècle, ses œuvres ont été jouées à travers le monde par des solistes et orchestres parmi les plus prestigieux comme Elisabeth Chojnacka, Kent Nagano, William Christie, Claude Helffer, Kim Kashkashian… Pour c concert, des œuvres solo et de musique de chambre seront interprétées par les étudiant-e-s de la HEM.

L’Ensemble Vide, plateforme interdisciplinaire de recherche et de création, invite la HEM Genève à la maison Tavel pour son projet Sofia, consacrée à la compositrice russe Sofia Gubaïdulina, disparue en 2025. Les groupes sont constitués d’étudiant-e-s de la HEM préparé-e-s par les professeur-e-s de musique de chambre de l’institution.               
Voici comment l’ensemble décrit le projet : « Plusieurs formations de musicien-ne-s s’emparent des espaces domestiques de la Maison Tavel. Ils et elles interprètent une sélection d’œuvre parmi le vaste répertoire de musique de chambre de la compositrice. Curaté spécifiquement pour ce lieu et cette occasion, le choix des pièces permet de multiplier les instants et les espaces d’écoute. La définition de la musique de chambre prend alors tout son sens, en renouant avec le caractère spatial privé de cette musique ».

Site internet de l'Ensemble Vide