Mettre en musique l'innovation : de la célébration à la parodie

Organisées conjointement par la HEM et l’Université de Fribourg, ces journées d'études questionnent la façon dont les compositeurs actifs en France entre la seconde moitié du XIXe siècle et le début du XXe siècle s’attellent à mettre en musique l'innovation. Entre quête d'un récit national grandiose, détournement comique des nouvelles inventions ou recherche d'une esthétique musicale actualisée, les œuvres à sujet technologique semblent se poser comme un vecteur privilégié pour renouveler les traditions musicales.

Dans le cercle culturel parisien, des œuvres comme Un petit train de plaisir de Gioachino Rossini et sa mise en musique d’un accident ferroviaire témoignent d’une technophobie qui devient au XIXe siècle une substance littéraire et artistique récurrente. D’autres cas, tels que la poupée Olympia dans les Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach, utilisent la technologie comme satire de la consommation musicale de la haute société. Par ailleurs, Pacifique 2.3.1. d’Arthur Honegger, et son « mouvement mathématique évoquant une locomotive en marche » (Griffiths, 1992 [1978]), est considéré comme l’apogée de l’expression symphonique de la modernité et de son caractère déshumanisant au XXe siècle. Outre ces exemples célèbres, la mise en musique de la technologie a certainement contribué à un développement aussi bien d’un imaginaire que d’une esthétique de la composition et de la pratique musicale.

Cette rencontre a pour but d’étudier et de présenter, sous forme de concert-conférence, quelques œuvres oubliées du répertoire, conçues sur des sujets évoquant les innovations ou la technologie. Chaque présentation sera ponctuée par l'exécution – intégrale ou sous forme d'extraits – de la partition traitée. Elle donnera lieu à des discussions aussi bien sur la nature historique, esthétique ou socioculturel de la pièce, que sur les perspectives interprétatives d'un tel répertoire.