[…] Cette démarche fait écho au Mingeï, mouvement artistique japonais crée en 1925 qui prônait un retour à l’artisanat fonctionnel des guildes médiévales. Le philosophe Yanagi Sôetsu se demandait déjà s’il est «autorisé» de faire des pièces d’exception à partir d’un substrat culturel et manufacturier anonyme. Le Mingeï s’est retrouvé embêté quand il a commencé à vendre à prix d’or dans des magasins bourgeois des pièces signées par ses céramistes labellisés. Habile astuce de sa part, Yanagi a alors déclaré que le moment de valorisation artistique de l’artisanat anonyme était légitime si l’objectif final était de faire passer le message. En somme, le Mingei a vendu de «l’art déguisé en artisanat» non pas comme une fin en soi, mais comme le vecteur d’une ambition discursive supérieure et désintéressée. […]

Dossier de la résidence