Le Pays de Lucien Monot (alumnus BA HEAD) - Compétition Internationale Burning Lights
Chady et David travaillent sur les bateaux de transport du Lac Léman. Ils sont tous les deux étrangers en Suisse. Sur les eaux oscillantes du lac, les jeunes hommes, hantés par les souvenirs de leurs pays d’origine, partagent des confidences, des souvenirs et un même sentiment de déracinement. Une étrange intimité se crée entre les deux hommes. Ils osent alors entreprendre une déambulation erratique, à travers un espace et un temps qui n’existent peut-être que dans leurs rêves, mais qui ressemblent, par moments, à la Suisse. Qu’est-ce qu’un pays ? Peu importe si ce qu’on évoque est le pays de ses ancêtres ou celui où l’on a émigré, un pays est toujours une hallucination. Lucien Monot accompagne ses personnages le long de cette traversée, à la lisière entre le réel et le fantasmé, proposant un film poétique d’une extrême délicatesse sur le dépaysement. Une réflexion sur l’amitié, l’appartenance à la terre et la notion d’étranger, qui n’est pas forcément déterminée par le lieu de naissance, puisqu’une fois qu’on a quitté le pays, on est toujours étrangers, partout. (Elena López Riera)
No Nos Representan de Irene Muñoz Martin - Compétition Nationale
On entre dans un tableau vivant : des comédiens manifestant au cri de « Ils ne nous représentent pas ! », slogan de ralliement des Indignés de la place « Puerta del Sol », qui en 2011, partageaient leurs désirs de créer un espace original de démocratie directe. Comme Irène Muñoz Martin. Dans cet essai personnel, elle revient sur cette expérience qui n’a pas encore trouvé son « expression » : une image canonique, qu’elle tente, en vain, de saisir. Cette impossibilité la conduit à interroger l’histoire de l’art et sa capacité à être un vecteur d’idéologie, à travers l’observation d’étudiants copiant des œuvres classiques de maîtres espagnols à l’école des Beaux-Arts de Madrid, ou l’évocation d’un épisode de la Guerre civile, quand les Républicains ont organisé l’évacuation de ces mêmes tableaux vers la Suisse, opération de sauvetage que Franco récupèrera à son profit. En rapprochant des évènements éloignés dans le temps et l’espace, la cinéaste produit une fascinante lecture des notions de copie et d’original et fait dialoguer l’Histoire officielle et le passé avec la représentation, ambiguë et plurielle, des luttes politiques du présent. (Emmanuel Chicon)
Alba de Lucia Martinez (alumna MA HEAD-ECAL) et Hugo Radi - Compétition Internationale Moyens et Courts Métrages
Écran noir. Une bouteille qui se brise sur le bitume. Quelques insultes fusent. Le décor d’une zone industrielle au petit matin, après une soirée bien chargée. Trois amis « trouvent » un véhicule, et s’embarquent pour une virée sans but apparent. Sauf pour l’un d’eux, rongé par sa culpabilité d’avoir trompé Alba, qui arrive le lendemain soir. Un individu lui a parlé d’une croix, peinte sur une falaise surplombant le paysage genevois, censée réconcilier celles et ceux qui l’atteignent avec leur être profond. Au-delà d’un délire mystique post-cuite, le gaillard pense que l’ascension vers le sommet lui permettra de trouver le courage nécessaire pour parler à sa copine. Flanqué de ses deux acolytes, pas vraiment convaincus par l’entreprise, mais loyaux, il s’élance sur les chemins escarpés qui mènent à la « Santa Croce ». Jouée par des acteurs non-professionnels, cette comédie sentimentale réalisée par Lucia Martinez (Sonali, VdR 2017) et Hugo Radi porte un regard tendre et léger sur des jeunes adultes désorientés qui s’efforcent de prendre – encore un peu – les histoires d’amour au sérieux. (Emmanuel Chicon)
Dans les ruines de Selina Weber (MA HEAD-ECAL) - Compétition Internationale Moyens et Courts Métrages
C’est à Pompéi, une ville encore traversée par les fantômes de ceux qui ont été saisis par l’éruption du Vésuve il y a deux mille ans, que Selina Weber se réfugie après la disparition de son père. Il l’avait filmée enfant, adolescente. Elle l’avait filmé lui, dans la force de l’âge. Dans ses pensées ressurgissent les images de leurs voyages – fragments éclatants et précieux des étés passés ensembles – mais aussi celles de la maladie, dans la froide lumière de l’hôpital. Archives filmées et flux de la conscience ne semblent faire plus qu’un. Elle collecte des éclats de mémoire, fouillant ses souvenirs, pour les garder présents, et y trouver refuge. Mais le présent la rattrape. Marchant sur la crête d’un volcan, tentée par la vision de l’abîme comme l’avait été son père avant elle, elle ne s’abandonne pourtant pas à la volupté tragique du désespoir. Ouverte aux vivants qu’elle rencontre sur son chemin, elle parle avec eux, questionne, nous emmenant ainsi à ses côtés, dans une recherche intime et universelle à la fois, dont le cinéma se fait l’outil évident. (Céline Guénot)rojections le dimanche 07 avril à 20h00, Colombière (projection suivie d’un débat) et lundi 08 avril à 15h45, Capitole Fellini.
Angor Pectoris de Sophie Dascal - Opening Scenes
Mêlant des images de la Roumanie d’aujourd’hui, des films d’archives et les fascinants dossiers des services de renseignements roumains compilés pendant la guerre froide, Sophie Dascal dresse un portrait contrasté de son mystérieux grand-père, esquissant au passage une réflexion plus large sur l’identité, la mémoire et la transmission des traumatismes nés d’un régime politique totalitaire. (Céline Guénot)
Viento Dulce Salado de Laura Gabay (alumna BA HEAD) - Opening Scenes
Quelque part sur la côte de Cuba, trois frères et sœurs passent la journée au bord de la mer. Laura Gabay les observe et avec eux le monde qu’il se construisent dans la solitude du rivage. Le temps passe et tandis que le soleil tombe, ils sont toujours là. De leurs gestes, de leurs jeux en apparence anodins, émerge peu à peu la réalité sociale, plus sombre, de l’île et de ses habitants. (Céline Guénot)
Programme complet du festival Visions du Réel de Nyon
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