Entre la fin du XVIIe siècle et l’expressionnisme abstrait américain, le sublime des arts plastiques passe d’une iconographie des forces naturelles à la mise en jeu des limites de la représentation. Dans le contexte de la crise idéologique des années 1980, alors que les définitions d’un sublime transcendant entrent en résonance avec un repli conservateur, le plaisir esthétique devient un critère intellectualisé et coupé d’autres formes de connaissances. De ce fait, les positions politiques issues de l’avant-garde jugent le sublime peu adéquat pour opérer des transformations sociales. Avec la série The Sublime [1983-84], l’artiste américain Mike Kelley interroge les projections culturelles dichotomiques qui attribuent au sublime les acceptions les plus paradoxales. Du leurre théorique à l’amplification d’un héritage culturel, des esthétiques hétérogènes mettent en tension les formes dévaluées de la culture et les promesses d’ennoblissement social par l’art et l’éducation. 

Après ses études d’histoire de l’art à l’Université de Lausanne, Geneviève Loup enseigne l’histoire du cinéma expérimental et de l’art vidéo à l’École Cantonale d’Art du Valais et à la Haute École d’Art et de Design à Genève. Ses activités de programmation de films et de vidéos furent notamment accueillies par le Lausanne Underground Film & Music Festival [2003-2014] et par le Home Cinéma de l’Association Trafic [2008-2015]. En 2010 et 2011, elle a réalisé, en collaboration avec Jean-Michel Baconnier, une programmation d’art vidéo, de films et de conférences à la Médiathèque du Fonds d’art contemporain de la Ville de Genève. Elle a publié différents textes dans les revues Décadrages. Cinéma, à travers champ, Home Cinéma, Art press et Kunst Bulletin. Sous la double direction de Jean-Philippe Antoine et de John C. Welchman, elle prépare depuis 2014 une thèse de doctorat intitulée Sublime et désublimation dans l’oeuvre de Mike Kelley.