Conférence d'Anna Dezeuze

Mercredi 2 Novembre 2016

de 12h15 à 13h45
salle 25, Bd Helvétique 9, Genève

À l’ère de la « modernité liquide » que décrit Zygmunt Bauman  en 2000, le capitalisme est devenu léger, immatériel, fluide. Ce sont les flux mondiaux de capitalisme que certains artistes des deux dernières décennies tentent d’interrompre et de détourner, en introduisant par leur pratique des zones de friction et d’opacité.

Dans les années 1990, des artistes tels que Francis Alÿs, Gabriel Orozco, Martin Creed et Thomas Hirschhorn commencent à produire des oeuvres précaires qui mettent l’accent sur les conditions matérielles et sociales de leur propre apparition et disparition et interrogent les logiques capitalistes d’abstraction et d’efficacité. Plutôt que vers la fragilité et la vulnérabilité des oeuvres précaires, certains artistes de la dernière décennie semblent se tourner vers les questions de l’inertie et de l’effort. Alors que certains jeunes artistes confrontent leurs corps à l’immobilité de la sculpture, les installations vidéo de Mika Rottenberg nous présentent des corps pris dans l’engrenage de chaînes de production improbables auxquelles les sécrétions corporelles du travailleur participent au même titre que l’extraction des ressources naturelles.  Ces pratiques constituent-elles de nouvelles réponses à ce capitalisme liquide où le travail dématérialisé et les objets connectés promettent de nous libérer de tout effort physique ? Comment articuler les relations entre la matérialité fragile des oeuvres précaires, l’inertie obstinée de la sculpture et la fatigue du corps qui travaille ?  

Anna Dezeuze est professeur d’histoire de l’art à l’École Supérieure d’Art et de Design Marseille-Méditerranée. Elle a obtenu son doctorat d’histoire de l’art auprès du Courtauld Institute of Art à Londres et a mené plusieurs recherches postdoctorales à l’Université de Manchester et au Smithsonian American Art Museum.

Ses publications portent sur l’art des années 1960-1970 et notamment Fluxus, l’assemblage et l’art cinétique, sur les pratiques d’artistes tels que Lygia Clark, Hélio Oiticica, Bruce Nauman ou Richard Wentworth, sur la « dématérialisation » de l’oeuvre d’art depuis les années 1960 et les présences du surréalisme dans l’art des années 1950 à nos jours. Elle participe actuellement à un projet de recherches rattaché à l’ESADMM et intitulé le « Bureau des Positions ».

Elle a régulièrement publié dans les revues Art Monthly, Tate Etc., Papers of Surrealism et Mute. Elle a dirigé The ‘Do-ityourself’ Artwork : Participation from Fluxus to New Media (Manchester University Press, 2010) et codirigé, avec Julia Kelly, Found Sculpture and Photography from Surrealism to Contemporary Art (Ashgate, 2013). Son dernier livre propose une analyse du Deleuze Monument de Thomas Hirschhorn (Afterall, 2014). Son prochain ouvrage, à paraître chez Manchester University Press, s’intitule Almost Nothing : Observations on Precarious Practices in Contemporary Art.

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