Le terme d’alternative n’a pas ici valeur de substitut à une situation qui serait plus confortable, et, à contrario d’utiliser la nostalgie comme moteur, le parti-pris des artistes des New Heads est plutôt la prise en charge de ce qui reste quand « les croyances se sont effondrées, ramenées au niveau de l’élaboration rituelle ou symbolique » *. L’incertitude comme territoire laissé vacant par le pouvoir devient le terrain fertile de leur pratique, celui par lequel les alternatives peuvent advenir, le lieu de leur singularité artistique.
La prise en charge de ce territoire passe par leur capacité à incorporer le récit global de leur époque à leurs narrations individuelles, ne prenant pas uniquement comme point de départ la construction d’un imaginaire issu des générations précédentes et la conscience de l’histoire dans laquelle celui-ci s’inscrit. Ces récits annexent l’immédiateté du présent, sa réalité brutale et la nécessité qu’ont les artistes à embrasser les problématiques sociales et politiques de leur temps afin de construire une esthétique qui, le cas échéant, peut rentrer en résistance avec l’Histoire.
Les œuvres réunies sous le titre « alternate take 1 » furent produites entre 2020 et 2021, spécifiquement pour l’exposition. Cette temporalité étendue, imposée par la pandémie, offre l’expérience d’autres possibles aux rythmes de production des œuvres que nous connaissions jusqu’alors. Une sorte d’antichambre, transformant dès lors ce qui devait être une exposition de diplômé.es en une exposition d’artistes émancipé.es depuis longtemps du statut d’étudiant.es. Ainsi, l’alternative se situe aussi dans les choix qu’ont fait les artistes pour rendre visible leurs identité.es artistiques et leur capacité à embrasser les circonstances de visibilité de leurs identités. Comme une résonnance aux œuvres, et à leur circonstances d’apparition, la bande son de « alternate take 1 » fut confiée à Clarity System, celle-ci viendra napper, en reverb, les différentes temporalités pendant lesquelles les œuvres ont été pensées.
* Mark Fisher « Le Réalisme capitaliste. (N’y a-t-il aucune alternative ?) »