La Foncière, maître d'ouvrage de la nouvelle tour emblématique des Charmilles, a mandaté la HEAD pour la réalisation d'une installation artistique dans le passage 77 rue de Lyon. A l’issue d'un workshop d'un semestre mené dans le cadre du BIP, les étudiant·e·s de Bachelor et de Master en Arts visuels ont présenté leurs propositions a un jury qui a désigné Paulo Wirz lauréat de ce concours. L'installation a été inaugurée la semaine dernière.  

J’ETAIS. JE SUIS REVENU. JE N’AI JAMAIS ETE se compose de médaillons en bronze gravés d’yeux ouverts ou fermés disposés sur les deux portails qui ferment le passage la nuit et tout le long du mur. Regards, clins d’œil, ces yeux ouverts ou fermés comme des portes accompagnent le cheminement des passant·e·s. 

« Après avoir réfléchi aux fonctions de base (fermer/ouvrir/protéger) d'un portail, j'ai commencé à réfléchir aussi à la signification symbolique d'un passage : un lieu de connexion entre deux destinations, un "espace de transition" à courte distance, un endroit où les choses se séparent et se relient, et comme son nom l'indique déjà : "un passage". Ces fonctions m'ont fait penser à celles similaires de l'œil qui est aussi un symbole très ancien de l'imaginaire collectif humain. L'œil égyptien d'Horus et de Râ, le "Nazar Boncuk" grec et turc, le troisième œil de la culture indienne, parmi beaucoup d'autres.  

Désireux d'abstraire l'œil comme pur symbole de protection et de m'éloigner de son éventuelle interprétation négative/agressive de la surveillance et du contrôle suprêmes, j'ai décidé de faire aussi des yeux fermés, en apportant du rythme et du mouvement à toute la composition et aussi de nouvelles interprétations.  

Le mouvement des yeux m'a fait penser au populaire "clignement des yeux" souvent utilisé pour le flirt, souhaiter bonne chance ou être en accord avec quelqu'un, mais aussi comme système de communication possible, comme un code morse par exemple, ainsi qu'à certaines notions de l'impermanence transitoire de l'être interrogée dans le bouddhisme qui, pour moi, est très liée aux notions du « passage ».  

Paulo Wirz