Thinking Under Turbulence Geneva Colloquium

Lundi 7 Décembre 2015

The Anthropogenic Image
Conférence d'Armin Linke (en anglais)
Commentée par Gene Ray de The Anthropocene Atlas of Geneva

HEAD, Boulevard Helvétique 9
salle de séminaire CCC, 2ème étage, salle 27
à 19h00

Quels moyens visuels nous permettent-ils d’interpréter les effets de l’activité humaine sur la planète ? A quoi ressemble une image qui tente de rendre visibles les infrastructures globales qui ne peuvent être capturées par une simple prise de vue ? La responsabilité de l’artisteréalisateur, photographe, observateur, voyageur, reporter, chercheur et/ou collaborateur, est-elle de rendre publiques les complications qu’induisent les changements environnementaux ? Pourquoi est-il nécessaire de (re)penser l’image et les technologies de l’image, lorsque l’on essaie de comprendre le rôle et la position de l’image quelque part entre les enjeux de la science, la politique des ONG, les compagnies multinationales et les institutions politiques ? Les images des changements environnementaux anthropogéniques possèdentelles la capacité de nous libérer de l’emprise du « spectacle », c’est-à-dire d’une somme d’images érigée en système de contrôle social ? Quelles images nous aident-elles à étudier l’Anthropocène d’une ville comme Genève ? 

Armin Linke présentera son exposition « The Appearance of That Which Cannot Be Seen (L’Apparence de ce qui ne peut être vu) »,présentée actuellement à ZKM Karlsruhe et qui fait partie du projet GLOBALE. Pour « The Appearance of That Which Cannot Be Seen », des scientifiques, théoriciens et anthropologues culturels ont été invités à entrer en discussion avec l’archive photographique de Linke, composée de plus de vingt mille images qui documentent les effets de la globalisation, la transformation de villes en mégapoles et l’interconnexion de la société post-industrielle résultant de l’information numérique et des technologies de communication. Le projet, qui rend public le processus de sélection des images, questionne à la fois la lisibilité des archives photographiques et le traitement subjectif de thèmes tels que la globalisation et la digitalisation, étant donné la nature individuelle des intérêts et des approches de recherche. A la limite entre mondes physique et numérique, entre exo-évolution et infosphère, la contribution de Linke, présentée dans les expositions Infosphere et Reset Modernity ! de Bruno Latour, concentre notre attention sur des sujets cruciaux comme les technologies intelligentes, les big data, les changements climatiques et l’Industrie 4.0. Linke développera également les questions générées par son nouveau projet de film basé sur « Anthropocene Observatory », un projet collaboratif à long-terme (avec Territorial Agency et Anselm Franke), dont une partie du travail de recherche se concentre sur la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP21) qui se tient en ce moment à Paris et pour laquelle Linke possède une accréditation de photographe.

La présentation d’Armin Linke sera commentée par Gene Ray de The Anthropocene Atlas of Geneva, un projet de recherche qui interroge les interactions entre les systèmes et les processus sociaux et biophysiques. Le projet de recherche articule des méthodes et rassemble des praticiens issus de différentes disciplines – art, philosophie et architecture – ; il étudie les processus et les contextes par lesquels les changements environnementaux anthropogéniques globaux sont représentés à Genève, ville suisse cosmopolite et infrastructure globale.

Armin Linke est né en 1966 et vit à Milan et Berlin. En tant que photographe et réalisateur, il associe une large palette de technologies contemporaines de traitement de l’image, dans le but de brouiller la frontière entre fiction et réalité. Sa pratique artistique explore les différentes possibilités de traiter les archives photographiques et leurs manifestations, tout comme les interrelations et le pouvoir de transformation qui existent entre les éléments urbains, architecturaux ou spatiaux et les êtres humains qui interagissent avec ces environnements. Il a été Chercheur associé au MIT Visual Arts Program Cambridge, professeur invité à l’IUAV Arts and Design University de Venise et enseigne aujourd’hui à l’HfG Karlsruhe. Expositions personnelles (sélection) : ZKM Karlsruhe (2015) ; MAXXI, Rome (2010), Museum für Gegenwartskunst Siegen (2009). Expositions collectives (sélection) : KW Institute for Contemporary Art Berlin (2015) ; BAK Utrecht (2015) ; Museum of Yugoslav History, Belgrade + Centre Pompidou Metz (2014) ; Moscow Biennale of Contemporary Art + Haus der Kunst, Munich (2011) ; International Architecture Biennale, Rotterdam (2010) + Bienal de São Paulo (2008). Prix : 9. Biennale di Architettura, Venezia + Graz Architecture Film Festival. En 2013 et 2014, Armin Linke a réalisé la série de vidéos Anthropocene Observatory à la Haus der Kulturen der Welt de Berlin, en collaboration avec Territorial Agency et Anselm Franke.

Gene Ray, professeur associé, enseigne les Critical Studies au CCC depuis 2008. Il mène actuellement le projet de recherche The Anthropocene Atlas of Geneva (TAAG), affilié avec le programme de recherche transdisciplinaire de la HEAD. Le projet étudie les formes de représentation à l’ère de l’Anthropocène, avec une attention particulière sur Genève. Titulaire d’un PhD en Etudes Interdisciplinaires (Philosophie, Histoire de l’Art, Littérature Comparée et Etudes Cinématographiques) de l’Université de Miami (1997), Gene Ray écrit sur les intersections entre l’art, la théorie critique et les politiques radicales. Il est l’auteur de Terror and the Sublime in Art and Critical Theory (Palgrave Macmillan, 2005 & 2010) et co-éditeur de Art and Contemporary Critical Practice: Reinventing Institutional Critique (Mayfly, 2009) et Critique of Creativity: Precarity, Subjectivity and Resistance in the ‘Creative Industries’ (Mayfly, 2011). Ses essais ont été publiés dans Third Text, Historical Materialism, Yale Journal of Criticism, Brumaria et autres revues. Ancien German Chancellor’s Fellow de l’Alexander von Humboldt Foundation, il a enseigné à l’Université d’Hawaï et au New College of Florida et a donné de nombreuses conférences en Europe et en Amérique du Nord. 

Cette soirée est la partie publique du Colloquium d’un an intitulé “Thinking under Turbulence” qui structure l’enseignement du Programme Master de recherche CCC 2015/16, sous la direction de Doreen Mende. Les participants au Colloquium sont invités à entrer en conversation avec les étudiants CCC et les membres du corps enseignant. Ce colloquium d’un an intervient à un moment de transition dans l’histoire du CCC, le programme de la HEAD de Genève dédié à la recherche critique, aux techno-politiques et aux problématiques curatoriales d’un monde globalisé. Le Colloquium offre au programme un temps de réflexion sur ses futurs développements, dans une période dirigée par les impératifs accélérationnistes du capitalisme financier global. L’idée du Colloquium provient littéralement de l’action de “parler ensemble”: de com- “ensemble”+ -loquium “parler”. Parler ensemble dans/hors de l’académie. Le concept du Colloquium ne propose donc pas l’action de penser comme méthode philosophique, mais surgit plutôt d’un moment de turbulence où la connaissance est en crise. Un moment qui nous oblige à penser, à penser différemment.

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Musée, dessins de la Tour de Babel, Babylone Irak 2002
© Armin Linke