Une proposition de Marta Riniker-Radich en collaboration avec Romain Hamard.
A l’invitation à concevoir un projet spécifique pour LiveInYourHead, tu as répondu par une proposition collective : A Strangely Luminous Bubble. Cette exposition fait écho à ta pratique, mais en creux. D’où est venue cette envie de te mettre en retrait au profit du travail des autres ?
Marta Riniker-Radich : Mon désir est avant tout de concevoir une exposition de groupe. A partir de cela, je me suis laissée guider par ce qui m’intéresse déjà dans mon travail en tant qu’artiste, c’est à dire par l’idée de faire émerger des images qui ont la capacité de créer une ambiance totale, séduisante et déstabilisante à la fois, avec très peu d’éléments. A Strangely Luminous Bubble est donc comme un reflet, en trois dimensions, de l’ambiance « visionnaire » qui caractérise mes dessins.
Tu décris ce projet comme une expérience avant tout visuelle. Qu’entends-tu par là ?
Marta Riniker-Radich : Les oeuvres qui constituent A Strangely Luminous Bubble forment une sorte de « collection d’artefacts » qui suggère l’existence d’une réalité parallèle, un univers peuplé de formes minimales, lumineuses, attirantes… Mon idée est que le visiteur, en entrant dans l’exposition, ait le sentiment d’entrer dans un monde imaginaire, de pénétrer dans une bulle où tout est lumineux, et brille plus intensément. J’imagine ce projet comme une plongée dans un paysage de plantes en plastique, de choux rouges réfléchissants et de vitres vertes lumineuses. Ces formes ont beau nous être étrangement familières, prises ensemble, elles évoquent un univers mystérieux, indéfinissable.
L’exposition présente le travail d’artistes que l’on pourrait considérer comme des « mentors », auxquels tu as décidé d’associer un ensemble d’oeuvres de figures dont tu aimes le travail, ainsi que des propositions d’artistes de ta génération, voire des amis. Doit-on y voir un hommage, une collection imaginaire, un manifeste générationnel ?
Marta Riniker-Radich : Ce projet n’est surtout pas un manifeste. Evidemment j’aime le travail des artistes qui sont présentés. Mon but est de restituer une image mentale, et j’aurais, en somme, pu choisir des pièces d’autres artistes pour cela. Mon but est avant tout de suggérer un dialogue visuel inattendu entre des oeuvres, des objets, des images, mais pas de manière flagrante. Dans mon esprit, toutes ces oeuvres appartiennent au même « monde », mais paradoxalement, l’exposition révèle aussi leurs différences profondes, leurs singularités. Par ailleurs, j’aime, en effet, l’idée que ce projet reflète une forme de collection imaginaire, ou même idéale. Les pièces présentées ont été choisies de manière très instinctive, selon un point de vue complètement subjectif. Je me suis même laissée aller au jeu d’une certaine naïveté dans le choix des oeuvres, tout en voulant créer un ensemble cohérent, une image totale, une forme en appelant aux sens du spectateur. Ou plutôt, plus que de naïveté, je parlerais ici de simplicité dans la manière d’aborder l’exposition et le choix des pièces, de tentative de préserver une certaine « fraîcheur consciente » dans l’approche des pièces, pour ne pas surcharger l’exposition.
La mise en forme de l’exposition implique une relation avec un ou plusieurs étudiant-e-s dans la conception d’un espace, voire d’un environnement spécifique. Quelles stratégies entends-tu adopter ?
Marta Riniker-Radich : J’entends en effet tout particulièrement travailler les dimensions environnementales : architecture, lumière, ambiance sonore… En particulier, l’usage de son dans l’exposition peut favoriser la sensation d’arpenter un monde à part. Le son fait retentir les oeuvres, et flotte de l’une à l’autre, comme si celles-ci dialoguaient dans une langue inconnue
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