Nicolas Philibert est né en 1951. Après des études de philosophie, il se tourne vers le cinéma et devient assistant réalisateur, notamment auprès de René Allio, Alain Tanner et Claude Goretta. Il habite Paris. La Maison de la Radio, est son tout dernier film, découvert au Festival de Berlin en février. Il est actuellement dans les cinémas de Suisse romande.
C’est l’occasion pour la HEAD – Genève et son Département Cinéma / cinéma du réel de s’entretenir avec le cinéaste qui a plus de 20 films à son actif, parmi lesquels Le pays des sourds, Un animal des animaux, La ville Louvre et Être et avoir, qui sont des références dans son travail engagé depuis trente-cinq ans. Mais c’est tout autant d’autres films qu’il sera question, tels La voix de son maître, pièce inaugurale il y a 35 ans du principe de l’écoute visuelle du cinéaste, de L’invisible, rencontre exceptionnelle avec Jean Oury, psychiatre de la Borde, clinique où Nicolas Philibert tourne La moindre des choses, de Nénette, dialogue muet avec un orang-outang, vieille dame très digne, Retour en Normandie, sur les traces de la mémoire d’un film de René Allio, Moi Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur, mon frère. Et puis, il y a les petits films, que Nicolas Philibert aime à tourner, comme celui réalisé dans le cadre de La Faute à Rousseau, cette collection de films coproduits par la HEAD – Genève en lien avec le tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau.
Avec des extraits de films tissés dans le déroulement du dialogue proposé, nous prendrons la mesure d’un travail cinématographique engagé tout à la fois dans l’observation patiente et attentive d’institutions telles que des hommes et des femmes en incarnent la culture, l’esprit, les savoir-faire. Par ailleurs, nous questionnerons la manière qu’a Nicolas Philibert de construire des récits émancipés de tous commentaire et entretiens - rarement de sa part une brève question, un mot ou deux, indiquant si besoin était les liens denses, même si éphémères, qu’il établi avec les personnages qui tiennent une place dans les histoires qu’il raconte.
En cinéaste, simplement - nous sommes bien entendu loin des catégories académiques qui distinguent, voire opposent, le documentaire et la fiction - Nicolas Philibert invente ainsi des récits réalistes, ancrés dans des situations, des lieux concrets, qu’il détaille au point d’en suggérer la dimension non visible, imaginaire, essentielle à la vie comprise dans son irréductible polyphonie et hétérogénéité, voire dans sa prodigieuse et fragile cohérence.
Jean Perret
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