"Ce livre est le résultat d’une expérience menée par François Bon avec des étudiant-exs de la HEAD – Genève. L’expérience a consisté, pour le dire avec un peu d’humour, à faire tenir un chien et un chat ensemble dans une même salle, le chien étant le texte et le chat la photographie (ou vice-versa). Les deux ne font pas toujours bon ménage. Dans l’histoire de la photographie, la place laissée au texte pose question. Leur histoire commune est riche de rebondissements, de reproches et d’incompréhension, mais aussi de tentatives de rapprochements. « Tu ne me fais pas assez confiance » reproche l’image au texte, « Sans moi tu n’es pas crédible » se venge le texte. Un triste vaudeville qu’il est certainement temps de dépasser ; qui est dépassé, de fait, par les artistes n’attendant de feu vert de personne pour tenter les hybridations les moins conventionnelles. Il était important pour moi que ce soit François Bon qui mène cette expérience. Il fallait un auteur singulier pour la mener à bien, un auteur qui n’a pas peur de franchir les ponts, quitte à les construire lorsqu’ils n’existent pas, un auteur, surtout, qui a compris et mis en pratique l’idée que, sans être identiques, photographie et écriture font émerger « l’invisibilité du réel », (écrit-il dans son livre Fragments du dedans). On ne photographie pas ce que l’on voit, pas plus qu’on ne l’écrit. C’est en cela que la photographie rejoint l’écriture. Les deux sont des actes performatifs qui changent radicalement le réel, sans retour en arrière possible. C’est à cet enjeu, rien de moins, qu’ont été confronté-exs les étudiant-exs pendant leur semaine d’atelier." (Extrait de la préface de Bruno Serralongue)