L’œuvre de Rithy Panh fait partie de ces gestes de création adossés aux catastrophes du monde et qui en explorent les abîmes afin de les prémunir à jamais de l’oubli. Les films de ce cinéaste cambodgien sont les gardiens de mémoires meurtries qui dessinent plans par plans les traits d’une conscience collective confrontée au génocide khmer rouge. Son esthétique du regard établit le temps d’un deuil essentiel au sein de la communauté des hommes, de tous les hommes. Rithy Panh est le pontonnier entre le passé qui fut l’enfer sur terre et le présent à partir duquel seul l’avenir peut être esquissé, avec ses indispensables utopies. Les gens de la rizière, Un soir après la guerre, La terre des âmes errantes, S21 – la machine de guerre khmère rouge, Les artistes du théâtre brûlé, L’image manquante sont de ces films qui posent douloureusement, les yeux de l’effroi grands ouverts, la question du récit de l’indicible, de ce qui résiste finalement à toute représentation, sinon à engager ce travail de création de possibles reconstitutions fragmentaires, comme déchirées par la violence exercée. Partant, les films questionnent largement l’histoire des hommes, paysans, gens de spectacle, prostituées, fantômes des archives coloniales, tortionnaires, personnes d’un tableau général qui font toute un pays, toute une société, toute la communauté des hommes.
L’œuvre de Rithy Panh a les dimensions universelles d’une inquiétude contemporaine tendue entre passé et avenir.
Des films, dont des séquences seront projetées, et des livres. L’élimination est un ouvrage d’une force bouleversante, il fait partie de ces récits qui composent également le patrimoine de la conscience universelle. La femme de théâtre et comédienne Emilie Charriot en lira des extraits au cours de cette conversation préparée et conduite par Lucien Monot et Julie Bellard, étudiants du Département Cinéma, ainsi que par Jean Perret.
Jean Perret
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