Paul Valéry n’a jamais caché son peu de goût pour le genre biographique, forcément infidèle, inévitablement faux. Degas danse dessin (1936) reste pourtant, dans son œuvre, un contre-exemple éloquent. Mais y est-il encore vraiment question de biographie ? Entre essai philosophique et évocation rhapsodique, le texte ne garde que peu de traces du style classique de ce genre, sinon l’attestation d’une fréquentation de Degas, où est mise en avant la nature évidente de la connaissance empirique. Pourtant, Valéry se méfie : il a beau avoir côtoyé Degas et conversé avec lui, cela ne change rien. Selon lui, la connaissance de l’artiste n’est pas le fin mot de la biographie et l’on est rarement exempt des idées ou images préalables à la rencontre. Il s’agira, dans cette présentation, de comprendre les stratégies mises en œuvre par Valéry pour suivre le schéma classique de la vie d’artiste afin de mieux s’en éloigner, et de montrer en quoi ce modèle cèle, par là, la fin de l’histoire d’un genre. 

Julien Zanetta a soutenu sa thèse de doctorat en 2014 à l’Université de Genève, sur le rôle de la mémoire dans la critique d’art de Baudelaire (à paraître en 2017). Après avoir obtenu une bourse « Early.postdoc » du Fonds National Suisse pour la recherche scientifique, il a passé les derniers dix-huit mois à l’Université du Michigan, à travailler sur un projet consacré au genre de la biographie d’artiste au XIX^e siècle. Parmi ses publications récentes, on retiendra deux articles parus en 2017 : « Baudelaire, vies héroïques », dans la Revue d’histoire littéraire de la France, et « Ressemblance et identité : Théophile Silvestre et l’art du portrait d’après nature » dans Romantisme. Il prépare, en ce moment, une édition de l’Histoire des artistes vivants de Théophile Silvestre, et s’apprête à collaborer à une édition de la correspondance d’Odilon Redon avec Andries Bonger, sous la direction de Dario Gamboni.

Actualité de la Recherche: Programme semestre de printemps