Jimmie Durham, né en 1940 aux Etats-Unis, est l’une des figures artistiques les plus marquantes et singulières de notre temps. Son œuvre, montrée dans le monde entier depuis vingt ans, est celle d’un artiste qui n’a de cesse de miner les distinctions entre l’art et le politique. A la fois poète, ex-activiste, essayiste, sculpteur, performeur et enseignant, son travail, engagé, ironique, a influencé des générations d’artistes et de penseurs.
Sa pratique, qui mêle objets et images, mots et gestes, joue avec les formes de construction de l’identité, en particulier celle de celui qu’il nomme « sauvage postmoderne ». Pour autant, c’est l’idée de « sculpture », entendue au sens le plus large du terme – organisation d’éléments matériels dans un espace – qui guide le projet de Durham. Et son œuvre allie sans hiérarchie compositions, installations et collectes, images fixes et animées, actions ou textes, comme les matériaux les plus divers, jusqu’à la création de ses propres « musées d’artistes », parfois en collaboration avec sa partenaire, l’artiste Maria Thereza Alves. Elle est caractérisée par une certaine pauvreté, une éthique, une radicalité, qui remonte à ses premiers pas dans l’art dans les années 1960, au sein des cercles afro-américains du Texas et qu’il travaille entre autres avec la poétesse Vivian Ayers et qu’il réalise une performance avec Mohamed Ali. En 1968, il déménage à Genève, où il s’inscrit à l’École des Beaux-Arts (actuellement Head – Genève). À cette époque, il crée des œuvres performatives, sculpturales et forme le groupe Draga, qui se penche sur la manière dont on pourrait mieux intégrer les arts plastiques à la vie publique.
En 1973, il revient aux États-Unis pour assurer une fonction au sein de l’American Indian Movement (AIM- mouvement amérindien). Jusqu’en 1980, il se consacre surtout à des activités politiques. Il cofonde le Conseil International des Traités Indiens, participe à l’occupation de Wounded Knee en 1973, et devient le représentant des Indiens auprès des Nations Unies – le premier représentant officiel d’une minorité à l’ONU. En 1980, il reprend sa carrière artistique. Refusant la perception de son travail en tant « qu’art indien », il décide de quitter les Etats-Unis en 1987 et part s’installer à Cuernavaca au Mexique, où il séjourne jusqu’en 1994. Puis, il repart pour l’Europe.
Jan Hoet l’invite en 1992 à participer à la Documenta IX, à Kassel, dont il sera une figure clé. En 1993, ses textes sont compilés dans le recueil A Certain Lack of Coherence, a collection of his essays. Entre-temps, Jimmie Durham continue à écrire et publier dans des revues comme Artforum, Art Journal et Third Text et dans des ouvrages collectifs. Depuis, il expose intensément dans divers endroits du globe. Actuellement, Jimmie Durham bénéficie d’une rétrospective, « Une question de vie et de mort et de chanter », qui se tient au MUHKA d’Anvers jusqu’au 18 novembre 2012.
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