U-BUNT-U salon est un portrait multiculturel de la ville de Bienne, réalisé par le biais d’une enquête sur les salons de coiffure qui s’y trouvent.

Le collectif afroféministe biennois CABBAK – ainsi que plusieurs personnes qu’il a invité·e·s à le rejoindre pour l’occasion – a mené une recherche de plusieurs mois sur la coiffure comme pratique culturelle populaire.

Un questionnaire commun a été rédigé et des petites équipes sont allées à la rencontre de plusieurs coiffeur·euse·s de la ville pour récolter des témoignages sur ce qui les rend fier·ère·s de pratiquer cette profession, sur les liens qu’iels entretiennent avec leurs client·e·x·s, sur les adaptations parfois nécessaires de leurs pratiques pour travailler en Suisse ou encore sur leurs «chefs-d’œuvre capillaires». Le montage sonore donne à entendre des extraits de ces entretiens.

Des lectures en commun ont permis d’inscrire l’investigation locale dans un cadre théorique plus large et ont soulevé des dimensions éminemment politiques liées à la coiffure, en particulier en lien avec l’histoire de l’esclavage et des luttes pour l’émancipation, le soin ou les réflexions contemporaines sur la non-binarité. Les citations présentées proposent des entrées vers les textes qui ont été lus.

L’enquête de terrain a aussi pris la forme d’une observation des vitrines des quelques 120 salons de coiffure locaux, observation qui a donné lieu à une cartographie montrant la diversité culturelle qui se dégage de cet ensemble de lieux.

Le titre, U-BUNT-U, souligne cette multiculturalité, mélangeant le mot «ubuntu» (issu de langues bantoues d’Afrique et désignant une philosophie dans laquelle l’idée que «je suis car tu es» est centrale) et «bunt» («multicolore» ou  «varié» en allemand).

U-BUNT-U SALON s’inscrit dans le cadre plus large de la recherche Réinventer la pédagogie des opprimé·e·x·s (RPO) qui vise à favoriser la participation culturelle dans les institutions d’art contemporain suisses afin d’en réduire la sélectivité sociale. L’approche «générative» développée par le pédagogue Paulo Freire dans Pédagogie des opprimés a ainsi été appliquée dans ce projet où le contenu et la forme du travail ont été définis au fil des rencontres (d’octobre 2021 à décembre 2022) entre le collectif CABBAK (& ami·e·s), Anna-Lena Rusch (médiatrice culturelle au Centre d’art Pasquart) et Olivier Desvoignes (collectif microsillons, chercheur pour RPO).