
Le 90Sr est un radionucléide d’origine artificielle émis lors d’accidents d’installations nucléaires (Tchernobyl, Fukushima Daiichi) et lors des essais nucléaires militaires (Pacifique Sud, Semipalatinsk). Il est également présent, bien que dans une moindre mesure, dans les rejets d’effluents des centrales nucléaires, et en proportions plus importantes dans les effluents liquides des usines de retraitement (La Hague, Sellafield). En raison de son analogie chimique avec le calcium, plus de 99% du strontium présent dans les organismes vivants se concentre dans les os et les dents. Une exposition prolongée au 90Sr et à son produit de filiation, l’yttrium-90 (90Y), accroît le risque de leucémies et de cancers osseux.
Des expériences menées en laboratoire avec des cultures enrichies en isotopes stables du strontium avaient déjà montré que certains microorganismes peuvent incorporer efficacement cet élément. Parmi eux, des microalgues vertes de la classe des Chlorodendrophyceae, capables de former des inclusions intracellulaires de carbonate de calcium amorphe enrichies en strontium, apparaissent comme des candidates prometteuses pour la bioremédiation.
Le projet conclu en 2023 visait à déterminer si ces algues sont également capables d’accumuler du 90Sr dans des conditions proches du naturel. Pour cela, la capacité d’absorption du 90Sr par Tetraselmis chui a été évaluée en suivant l’évolution de la radioactivité dans le milieu de culture grâce à des mesures en scintillation liquide (LSC). Les résultats montrent que T. chui séquestre efficacement le 90Sr: les cellules ont permis de réduire jusqu’à 50 % la radioactivité initiale du milieu de culture. Ce comportement confirme leur capacité à capter activement ce radionucléide, même en présence d’isotopes stables en concentrations naturelles.
Ainsi, cette étude démontre de manière concrète le potentiel de T. chui comme agent de bioremédiation pour atténuer la pollution au 90Sr.

Le projet a été mené en collaboration avec le Département des sciences de la Terre de l’Université de Genève et financé par la Gebert Rüf Stiftung (Bâle, Suisse), dans le cadre du projet Microbials GRS-071/17. Les résultats complets ont été publiés dans Environmental Science: Processes & Impacts (2024).
Partenaire(s) de projet
Responsable de projet - équipe
Stavroula Pallada
(HEPIA),
Gilles Triscone (HEPIA)
,
Anastasios Kanellakopoulos
(HEPIA),
Axel Baxarias Fonaine (HEPIA)