L’atelier «Saisons du Rhône: Observer les espaces sensibles», a offert dans le cadre de Transition au présent, thème des Rendez-vous de l’urbanisme 2024, une occasion de poursuivre les échanges de perspectives initiées à HEPIA dans Le Rhône II, Dialogue et regards, vers un observatoire du Rhône genevois (2024). Ce rapport du groupe de recherche Paysage projet vivant de l’institut inTNP (Terre Nature Paysage) s’inscrit dans la continuité d’une expérience pédagogique et d’hypothèses scientifiques pour accompagner le fleuve et renouveler les regards sur ce monument paysager dans les années à venir. La toute récente et très attendue Conception cantonale du paysage atteste si besoin était du rôle pivot du paysage. Objectifs et utilisations font ainsi partie du rendez-vous.
Cette recherche, lancée en 2020 en parallèle du projet fédérateur de la filière Architecture du paysage (où les trois volées bachelor se penchent sur un même sujet) est novateur par son accompagnement itératif plutôt que linéaire des réflexions avec la multitude d’acteur∙trices et de parties prenantes impliquées. Parti d’une première analyse sur la pertinence d’un parc du Rhône, c’est désormais l’idée d’un observatoire paysager, structure fédératrice, mouvante, sensible, autant qualitative que quantitative, qui prévaut pour traiter de la complexité des relations. En partenariat avec l’OCAN et l’OCEau, la démarche est collective, au sein même (et bien au-delà) de HEPIA. En sus des impulsions étudiantes, les groupes de recherche appliquée Paysage projet vivant et Modélisation informatique du paysage adressent les dimensions cartographiques, traduisant, voire superposant, les multiples enjeux des multiples cohabitations des multiples échelles du vivant de ce(s) lieu(x).
L’ouvrage, privilégiant une approche systémique et traitant le paysage comme un tout, se concentre sur 3 axes récurrents: l’eau -pour les services qu’elle procure, la cohabitation entre usages, biodiversité et ressources (nature et culture), et gouvernance et acteur∙trices.
Il propose aussi 5 actions, sachant que la véritable priorité est de se lancer. L’objectif général est de développer la culture du fleuve, de développer des actions de sensibilisation menées par l’observatoire, de mettre sur pied une plateforme internet dédiée, de lancer une étude spatialisée des points de dialogues entre biodiversité et usages et un projet d’(a)ménagement / un lieu d’action. Ge-Paysage Rhône, groupe d’accompagnement informel composé de représentant∙es de l’État, des milieux professionnels associatifs et universitaires, se charge de poursuivre la dynamique de médiation paysagère, parfois tendue. C’est désormais à travers les saisons du Rhône et ses Tables-Rhône qui se mettent en place avec des événements participatifs ou de sensibilisation que le rapport est proposé comme socle commun et soutien au dialogue.
Amplification de conflits d’usages, urgence d’arbitrages, régulation ou gouvernance imposée ou nécessaire, voire rien… À l’heure du réchauffement, les risques comme les opportunités du Rhône genevois sont immenses. Espace de fraîcheur extraordinaire, il est un lieu d’équilibre entre le vivant, son développement et le besoin de connaissances partagées par le plus grand nombre. Et c’est bien le propos de ce rapport et des prochaines étapes de cette recherche au long cours, à l’image du fleuve qui la porte et l’emporte.
«Sauvage ou domestiqué, social et nourricier, imaginaire et parfois oublié, le Rhône genevois revêt de multiples visages et porte une diversité de paysages.»
Charlotte Chowney, adjointe scientifique HES et coordinatrice du rapport