Le projet LaxiPed, développé à la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève (HEPIA), est entré dans une troisième étape, celle de la validation clinique, grâce à un financement Innosuisse de 679'000 francs. Le dispositif, novateur, permet des diagnostics précis en orthopédie du pied.
Issu du projet de Bachelor, puis de Master de Quentin Praz, aujourd’hui collaborateur scientifique à HEPIA, le dispositif LaxiPed a pour objectif d’automatiser l’évaluation du complexe articulatoire tarsométatarsien, qui joue un rôle clé dans la stabilisation du pied et le succès d’opérations orthopédiques, par exemple en cas d’une correction d’un hallux valgus.
Communément appelé «oignon», le hallux valgus est une déformation de l’avant-pied qui affecte jusqu’à 25% des adultes et environ une personne âgée sur trois, selon des chiffres cités par la Revue médicale suisse. Les femmes représentent 80% des cas.
Cette pathologie se caractérise par un désalignement du premier métatarse et du gros orteil, provoquant d’importantes douleurs, des troubles de la marche et un risque accru de chutes pour les séniors.
Malgré l’existence de traitements chirurgicaux, environ 30% des patients continuent à souffrir d’une douleur persistante, des limitations fonctionnelles ou des complications post-opératoires. Ce haut degré d’insatisfaction s’explique notamment par la façon dont sont posés les diagnostics, largement établis à partir d’un examen clinique manuel qui donne des résultats subjectifs et peu fiables.
Pour pallier ce problème, LaxiPed propose une nouvelle technologie pour établir des diagnostics pré-opératoires objectifs, reproductibles et précis. Développé comme un spin-off d’HEPIA et de l’Université de Genève, en collaboration avec le Centre Assal, à Genève, et le laboratoire de Fabrication additive, dirigé par le professeur Sylvain Hugon, à la Haute école d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud (HEIG-VD), LaxiPed reproduit l'examen manuel de façon fiable, précise et complétement automatisée.
Grâce à sa simplicité d'utilisation, la mesure peut être effectuée avant la consultation avec le chirurgien de sorte à obtenir un bilan biomécanique du pied détaillé pour faciliter l'échange entre le patient et le médecin.
Pour cela, le dispositif s'appuie sur un protocole standardisé par lequel il contrôle les forces appliquées sous le pied tout en capturant des données quantitatives sur la mobilité, la raideur et les pressions de l'avant-pied. Les données sont ensuite transformées en indicateurs objectifs qui peuvent aider le chirurgien à évaluer la fonction de l’avant-pied.
Grâce au financement Innosuisse, obtenu pour une période 2024-2025, l’équipe de recherche -composée des professeurs Martina Coscia et Jeremy Olivier, ainsi que de Quentin Praz, pour HEPIA, et du professeur Stéphane Armand et de Spyridon Schoinas, pour l’Université de Genève- travaille désormais à valider la pertinence clinique du projet avec l’appui de partenaires clés dont le Centre Assal (PD Dr. Mathieu Assal) et les HUG (PD Dr. Florent Moissenet).
Deux études seront menées en l’espace d’un an. La première, cadavérique, permettra de valider ce que mesure le dispositif et de déterminer la position exacte de tous les os et structures ligamentaires. Une deuxième étude sera ensuite menée «in vivo» sur des patients atteints de hallux valgus dans le but de déterminer un nouveau score qui indiquerait le niveau d’instabilité.
«Nous attendons des résultats de validation clinique probants pour créer une startup et envisager les différents scénarios pour entrer en phase de commercialisation», précise Quentin Praz. Dans cette perspective, l’équipe peut bénéficier de l’appui de l’incubateur PULSE de la HES-SO Genève et de la plateforme d’innovation FONGIT.