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Confinement, une expérience unique!

En 2019, tout le monde demandait aux écoles HES de foncer et de préparer le virage numérique des enseignements. Les attentes étaient nombreuses et planaient dans des sphères où personne ne pouvait encore aller. À HEPIA nous avions lancé plusieurs tentatives et certains projets étaient en bonne voie mais nous avancions à petit pas.

Alors... Merci COVID !! Cette crise nous a permis d’apprendre bien des choses et nous a fait gagner 5 ans dans cette transition, au moins!

Devant le précipice, notre corps enseignant a fait preuve de réactivité et d’inventivité, démontrant qu’il n’est plus possible de mettre en avant aujourd’hui les arguments usuels pour freiner la digitalisation. Une vraie prise de conscience! En parallèle, les limites de l’enseignement à distance et de ses outils se sont révélées au grand jour, mettant en évidence les plus-values d’un enseignement en présentiel. C’est magnifique, non?

Mais que c’était dur de vivre dans une école sans étudiantes ni étudiants et presque sans personnel! Et pourtant le lien a été maintenu de multiples et belles manières. Il a fallu resserrer les rangs, partager, informer, rassurer. Et il en ressort l’immense satisfaction d’une communauté HEPIA qui a révélé toute sa créativité, sa consistance, une chaleur humaine peu commune, des témoignages poignants à travers les vidéoconférences et une énergie énorme de toutes et tous. Et des étudiantes et des étudiants qui ont montré une autonomie et une maturité insoupçonnées, nous remerciant de nos efforts malgré notre manque d’expérience en matière de gestion et d’enseignement à distance. Nous sommes impressionnés! Honnêtement ce n’était pas facile, mais génial à vivre et nous espérons que chacune et chacun a pu en retirer une leçon de vie à la hauteur de celle que nous avons reçue.

Un immense merci à toutes celles et tous ceux qui ont permis de transformer cette situation en expérience formatrice et innovante, socialement surtout. Nous mettrons tout en oeuvre pour ancrer ces changements de manière pérenne tout en privilégiant le présentiel au cours des prochains semestres.

Yves Leuzinger
Directeur

Anne-Catherine Rinckenberger
Responsable de la coordination des enseignements

Le carnet du confinement des architectes du paysage

Le temps du confinement, ce sont les murs des chambres voilés d’un paysage de dessins sur calque. Sur les lits dans les espaces exigus, les draps ne sont plus de tissus mais de papiers. Sur les tables des cuisines, on travaille plus que l’on ne mange. Le confinement c’est aussi ça, l’art de la résilience et de la composition.

Brice Goyard
Assistant d’enseignement HES
Filière Architecture du paysage

Réagir et jongler

Si je devais retenir un seul facteur clé de la gestion des cours lors du confinement, c’est qu’il aura fallu être très réactif. Le vendredi 13 mars nous apprenions la fin des cours en présentiel, effective le jour même à minuit, et le lundi suivant je donnais un cours en visio-conférence.

Mais avec étonnement le cours s’est très bien déroulé! Ce sont d’ailleurs les deux tiers des enseignants de la filière ISC qui ont repris les cours directement cette semaine du 16 mars, autrement dit : seulement un weekend de préparation! C’est sûr qu’en tant qu’informaticiens, nous devions quand même montrer l’exemple! Dès l’annonce de l’annulation des Portes Ouvertes d’HEPIA qui devaient avoir lieu les 13 et 14 mars, nous avons sérieusement considéré les dispositions à prendre pour préparer au mieux le télétravail. Plusieurs plateformes ont été testées en parallèle des outils proposés par la HES-SO afin d’essayer de garder la formation la plus vivante et interactive possible. En informatique les contraintes matérielles pour permette le travail à distance sont minimes et la plupart du temps un PC relié à Internet est suffisant.

Mais l’école n’a pas que des enseignants informaticiens. Afin de soutenir les collaborateurs des différentes filières dans leur transition vers le numérique, j’ai effectué plusieurs cours de streaming, pour aider à rendre les cours interactifs (incrustation camera, systèmes de vote, gestion des classes, annotations, etc.).

Donc réactif pour mettre en place les cours à distance, mais pas uniquement. Par exemple de nombreux collaborateurs et étudiants n’avaient tout simplement pas d’ordinateur personnel pour les donner et les suivre de chez eux. Il a fallu coordonner le prêt de nombreux laptops, webcams, micros, etc... Une tâche ordinairement simple, mais qui, lorsque l’on ne peut quasiment pas accéder aux bâtiments, devient tout suite beaucoup plus complexe.

À la maison le déroulement des journées a été plutôt varié: ma femme travaille dans le médical à mi-temps. La moitié de la semaine elle a pu s’occuper des enfants et moi travailler dans un contexte relativement calme et normal. Mais l’autre moitié j’ai dû concilier travail et père au foyer ! Mes deux enfants ayant 3 et 6 ans, cela a demandé une certaine gymnastique. Comment donner un cours en visio pour 30 personnes quand une petite fille de 3 ans vient sauter sur vos genoux et un garçon de 6 ans vous prend pour cible avec son arc miniature?! La solution aura été de découper la journée en deux courtes demi-journées, complétées par une session le soir quand tout le monde est couché. Ça laisse suffisamment de temps pour s’occuper des petits aux moments cruciaux (matin, midi, goûter) et de les laisser jouer entre eux pendant les phases de travail (merci le beau temps et le trampoline dans le jardin !). Finalement au fur et à mesure des semaines tout le monde prend un rythme: je sais quand je dois arrêter de travailler pour m’occuper d’eux, et eux savent quand ils doivent me laisser tranquille.

Évidemment j’ai eu mon lot de moments compliqués avec les chamailleries et les pleurs qui arrivent pendant les conférences les plus importantes. Alors encore une fois la réactivité est le mot d’ordre. Coupure de la webcam et du micro, gestion tant bien que mal de la situation en moins de 30 secondes, avant de tout rebrancher... en espérant surtout avoir tout bien fait dans le bon ordre!

Adrien Lescourt
Adjoint scientifique HES
Filière ISC

En réponse à la pandémie la Ra&D s’engage

Dès le début de la pandémie, l’un des scénarios redoutés était la pénurie de ventilateurs pour garantir l’assistance respiratoire des patients en soins intensifs. HEPIA a été sollicitée dès le 24 mars par un médecin des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) pour étudier la possibilité de produire des respirateurs dans des délais extrêmement brefs.

L’école a mis immédiatement en place une équipe multidisciplinaire réunissant professeurs et assistants dans les domaines de la conception, la mécanique, l’automatisme, l’électronique et l’informatique, tout en intégrant des compétences de la start-up ANGARA Technology. Vu la contrainte temporelle, la solution très pragmatique d’automatiser un réanimateur manuel couramment utilisé par les urgentistes a été retenue. Pour les composants électromécaniques, des systèmes industriels éprouvés et disponibles ont été privilégiés. Grâce à ces choix, le dispositif fonctionnel peut être dupliqué n’importe où dans le monde. Le premier prototype GEVE (Geneva Ventilator), réalisé en un temps record, a été testé le 8 avril 2020, soit moins d’un mois après avoir reçu la requête des HUG. Si l’évolution de la situation épidémiologique n’a pas requis son utilisation, il reste néanmoins disponible en libre accès pour tous sur le site d’HEPIA.

Les activités de recherche d’HEPIA durant le confinement ne se sont pas limitées au matériel médical: l’école a poursuivi ses projets dont certains ont bénéficié de façon inattendue des effets de cette période.

En collaboration avec la start-up Securaxis, un projet a pour objectif d’installer dans les rues des capteurs acoustiques intelligents qui suivent en temps réel différents paramètres du trafic. L’étude en cours met à disposition des décideurs des indicateurs leur permettant de mettre en oeuvre des politiques urbaines en matière de trafic, de bruit et de pollution. De manière opportune, ce projet a bénéficié de circonstances et de conditions exceptionnelles. En effet, le ralentissement des activités urbaines a fortement infléchi le volume de la circulation puis, dès la fin des contraintes, les activités ont très progressivement retrouvé leurs niveaux habituels.

Durant ce temps difficile, une enquête a été réalisée à Genève et à Zürich par HEPIA et la Haute école technique de Rapperswil (HSR) sur l’importance des espaces ouverts pour des populations en prise avec la pandémie. Malgré une situation sanitaire différente dans les deux cantons, l’étude a révélé des changements de  comportements et de perception par rapport à l’accès à un balcon, à un jardin, ou encore à une nature atteignable à pied ou à vélo. Elle a montré leur influence tant sur la santé physique et mentale de la population que sur les aspects émotionnels. Cette recherche a permis de tirer des enseignements sur l’importance de la présence de ces lieux et de leur accessibilité comme soutien aux personnes dans un contexte de crise.

Gilles Triscone
Professeur HES
Responsable de la coordination Ra&D

Bulletin météo pédagogique

À travers quelques «flashs», nous témoignons dans cet article de la manière dont nous avons vécu la période de télé-enseignement.

ALERTE
Comme une giboulée, lundi 16 mars, tombe l’annonce de la fermeture «physique» d’HEPIA. Dès le 23 mars tous les cours se feront à distance. Vent de panique! Une semaine pour organiser et préparer les cours... les questions pleuvent et il est difficile de faire des prévisions! Comment créer des cours attrayants à travers un écran, comment acquérir la maîtrise des outils  informatiques nécessaires? Un vrai challenge!

LUNDI OU MARDI... JE SAIS PLUS
Au réveil: consultation du smartphone, lecture des blagues des collègues, combien de nouveaux cas COVID? pas de précipitation aujourd’hui pour attraper un train.

Le matin: entre bugs informatiques et parfois un peu de cafard, écrans noirs et vue sur le ciel bleu, cours et courses en ligne, bulletin météo ou de notes, le domestique et le professionnel se mêlent, s’emmêlent...

À midi: la famille attablée ensemble autour d’un «rôti du dimanche» quotidien.

L’après-midi: préparation de cours, visioconférences, test de nouveaux outils informatiques, créations de vidéos, c’est un métier! Est-ce mon métier?

Le soir: applaudissements, pour le personnel hospitalier. Et pour tous les étudiants qui ont tenu le coup, pour tous ceux qui ont décroché, pour nous tous finalement qui recommencerons une nouvelle journée demain: lundi ou mardi... Je sais plus!

SOLIDARITÉ ET AUTONOMIE
Solidarité et entraide entre collègues, entre étudiants, entre enseignants et étudiants. Nous sommes ensemble pris dans la tempête. Il faut faire face à l’averse de tâches qui nous incombent pour adapter nos enseignements. Les étudiants, eux, ont dû faire preuve de patience. Ils ont su (pour la plupart) trouver leur propre chemin pour atteindre la fin de l’année dignement.

Une vraie prise de conscience pour nous: notre mission est de guider les étudiants vers leur autonomie!

CAP (CAFÉ APÉRO PÉDAGOGIQUE)
Certains soirs, nous avons partagé un caféapéro pédagogique virtuel entre collègues, pour se raconter des anecdotes (un étudiant apparu torse nu sur l’écran «parce qu’il fait trop chaud dans sa chambre»), voir de nouvelles têtes, prendre la température de la rentrée, faire partie d’une communauté - à distance.

RETOUR VERS LE FUTUR
Après ce printemps et cet été si étranges, nous sommes de retour à HEPIA «en vrai». Dans un climat un peu incertain, nous reprenons enfin le présentiel. Malgré les quarantaines comme épée de Damoclès, le port du masque obligatoire, les contraintes sanitaires... contre vents et marées, le plaisir d’enseigner/d’apprendre est là.

Deviner un sourire sous le masque ensoleille notre journée. Les contacts humains, la construction d’une relation de confiance avec les étudiants, l’efficacité de nos actions en réel, mettent le moral au beau fixe.

Après l’immersion involontaire que nous avons vécue dans le monde numérique, le virage à prendre pour le futur semble moins sinueux. Cette expérience, étrangement, nous conforte dans l’idée chère à notre Haute école que le développement des compétences se fait à travers l’ancrage dans le réel et à travers la pratique! Nous avons traversé des situations jusque-là inconnues, maîtrisé de nouveaux outils, défini de nouveaux CAPs pédagogiques...

Alors, en ces temps troublés de bouleversements climatiques, nous espérons que le futur suivra le dicton: «après la pluie, le beau temps».

Almari Muller
Chargée de cours HES

Alicia Escolar Rinquet
Maître d’enseignement HES
Filière Architecture*

*Nous sommes chargées de réfléchir à des pistes d’innovations pédagogiques au sein d’HEPIA. Si vous nous croisez, même masquées, n’hésitez pas à nous interpeler pour échanger des idées sur l’innovation pédagogique.

Pour des raisons éditoriales, l’usage du masculin pour toute désignation de personne, de statut ou de fonction vise indifféremment un homme ou une femme.

Paru le 26 octobre 2020

 

Sondage effectué auprès des étudiants d'HEPIA durant le confinement*

 

Satisfaction globale

  • 63% des sondés estiment que la situation est satisfaisante.
  • 15% des sondés estiment au contraire que la situation est difficile ou problématique.

 

Proportion des estimations de cours adaptés

  • 77% des sondés estiment qu’au moins 70% des cours ont été donnés de manière satisfaisante après le passage en cours à distance.
  • Seul 4% des sondés estiment la proportion de bons cours à moins de 50%.

* Avril 2020

Témoignages étudiants

«Vous plaisantez, les cours à distance c'est la prison».

«La gentillesse des professeurs ainsi que leur dévouement. Ne lâchez rien les gars!»