Près de 300 personnes sont attendues du 7 au 11 juillet à Genève pour les 17es Journées d’étude des sols (JES 2025)*. Cette année, HEPIA porte l’organisation de cet événement avec l’Association française pour l’Étude du Sol (AFES) et la Société Suisse de Pédologie (SSP). L’occasion de faire le point sur les enjeux de la rencontre avec la professeure Ophélie Sauzet, spécialiste des sols à l’Institut Terre Nature Paysage.
Pourquoi organiser des Journées d’étude des sols?
Ophélie Sauzet: «L’objectif est de rassembler scientifiques et spécialistes francophones des sols pour échanger sur les connaissances, les pratiques, les réglementations et les dispositifs mis en place, que ce soit notamment en Suisse, en France, en Belgique et au Québec. Malgré les différences nationales, se rencontrer permet de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs. Cela aide à orienter les projets de recherche futurs en s’appuyant sur des expériences autres et en ciblant les besoins.
L’ADN de cet événement, c’est aussi de réunir le monde de la recherche et d’autres acteurs comme les bureaux d’études, les offices cantonaux et fédéraux et ainsi mettre en contact différents partenaires de divers horizons.»
Quels sont les enjeux actuels en matière d’étude des sols?
Ophélie Sauzet: «Les sols représentent un enjeu essentiel aujourd'hui, car ils ont un rôle à jouer dans la transition que vit notre société actuellement, que ce soit sur le plan économique ou écologique.
Les menaces identifiées pour les sols en Suisse sont nombreuses. Il y a d'abord la pollution, avec des polluants émergents qui nécessitent des investigations complexes et des adaptations des laboratoires, notamment pour apprendre à les détecter. Il y a ensuite le risque d’érosion. Il ne concerne pas que les montagnes! À Genève aussi, si l’on est un peu en pente et que le sol a une mauvaise qualité, l’eau peut ruisseler et entraîner des glissements de terrain.
Un autre défi actuel, sur lequel beaucoup de travaux sont menés, c’est de travailler sur la capacité de stockage du carbone dans les sols. En effet, un sol vivant a notamment besoin de carbone issu des matières organiques qu’on lui apporte et, le cas échéant, il est alors considéré comme un puits de dioxyde de carbone (CO2) et participerait donc à compenser nos émissions. Des questions se posent alors: comment, à quelle échelle et pour combien de temps…»
Quel rôle joue HEPIA dans ce type de recherches ?
Ophélie Sauzet: «La protection des sols est une préoccupation centrale, surtout à Genève, où il y a une pression immense sur le foncier. À ce titre, HEPIA porte plusieurs projets sur les sols en lien direct avec les services cantonaux et d’autres partenaires. Nous sommes engagés notamment sur le projet RESULTERRE, qui vise à déterminer et suivre la qualité des sols genevois et proposer aux agriculteurs un nouveau système de rémunération aux résultats et non plus aux moyens. Dans ce cadre, nous évaluons le stock de carbone et la qualité de la structure de ces sols, c’est-à-dire l'arrangement des particules de sol entre elles, influençant la circulation de l'air, de l'eau et des nutriments.
HEPIA dispose aussi de laboratoires qui permettent de poser des diagnostics sur les sols avec des systèmes de mesures assez rares en Suisse car centrés surtout sur la caractérisation de la structure et la physique du sol en plus des mesures physico-chimiques classiques (pH, texture, etc.). Nous pouvons également épauler des projets de construction ou d’aménagement en ville en participant, par exemple, au développement de nouveaux substrats multifonctionnels.»
* Tout le programme des Journées d'étude des sols est à retrouver ici.