Le vendredi 17 juin 2022, les étudiant·e·s du cours OGE «Architecture et cinéma» présentent leurs courts-métrages.
Le cours Architecture & cinéma du Joint Master of Architecture (JMA) propose cette année le thème des «Miroirs & reflets». Les étudiant·e·s vont présenter un court métrage sur ce sujet. Un jury extérieur, composé de Philippe Ramseier, architecte à Genève, Olivier Gurtner, qui représente la Comédie de Genève et de Renzo Stroscio, journaliste de l’architecture, est invité.
De miroir dans le cinéma: il y en a dans quasiment tous les films. En effet, la réalité étant en 3D et le cinéma en 2D, le miroir permet d’augmenter les possibilités expressives d’un plan, en offrant ainsi la vision au spectateur de ce qui se passe hors champ. À partir de là, de nombreuses possibilités s’offrent au réalisateur de jouer avec ces reflets, ce qui permet, souvent, de caractériser les personnages, d’exprimer en images ce qui serait peu efficace par des mots; de montrer simultanément à l’image les deux visages des acteurs d’un dialogue.
D’un point de vue narratif, le miroir est efficace pour représenter la poursuite d’un personnage par un autre. L’archétype doit être «Duel» de Spielberg, avec un usage intensif des rétroviseurs. Il est possible que le camion menaçant soit plus inquiétant par son reflet dans le rétroviseur que s’il avait été directement photographié.
Un autre exemple d'une réalisation qui a permis de générer du suspens est celui de la filature dans «Kiss me deadly» où Ralph Meeker vérifie la position de son poursuivant en observant son reflet dans diverses vitres qui s’offrent à son chemin.
L’usage courant du miroir se retrouve de manière brutale dans le début de «Naked kiss», où Constance Towers remet en place sa perruque après une bagarre avec son proxénète. Dans ce plan, l’écran dans son entier est le miroir. L’actrice nous regarde ainsi en face, comme si le miroir était sans tain. La plupart des autres scènes représentant un personnage face à son miroir sont mises en scène de telle sorte qu’on voit le personnage devant son miroir et dans le décor. Il y a ainsi une plus grande mise à distance du spectateur, moins pris à parti, ce qui fait qu’il peut alors plus se concentrer sur les actes et paroles du personnage, qui sont souvent percutants. Nous pensons notamment à Jean-Pierre Léaud dans «Baisers volés», à Leonardo Di Caprio dans «Aviator» à «Taxi driver», «La Haine», etc.
Le mirroir premet aussi des situations très subtiles et efficaces, comme dans «Sugarland express», de Steven Spielberg, où l’on voit le regard du policier dans le rétroviseur, occupant la moitié supérieure de l’image, et produit ainsi quasiment un plan en caméra subjective (puisqu’on est à la place du personnage), la moitié inférieure montrant la jeune femme, Goldie Hawn, qui est sur le siège arrière de la voiture de devant, poussée par celle du policier. La jeune femme est retournée et ainsi regarde le policier, de même que la caméra (on a donc quasiment dans le même plan une caméra subjective et un regard caméra, ce qui doit être unique). Cette mise en scène permet ainsi un dialogue non verbal entre les 2 personnages qui est très efficace et émouvant. On ressent une certaine compassion dans le regard du policier et du désarroi et comme des excuses dans celui de la fugitive, qui doit regretter que son but (récupérer son fils) génère de telles complications.
Les étudiant·e·s sont également invité·e·s à regarder leurs films préférés et à relever et analyser les scènes de miroirs qu’il y a probablement dedans.
Présentation ouverte au public.