"L’art comme malentendu, ou l’intérêt qu’il y a à tout comprendre de travers en matière artistique"
Michel Thévoz, professeur honoraire Université de Lausanne, ancien conservateur au Musée cantonal des beaux-arts et de la collection de l'Art Brut, Lausanne
Ce ne sont ni les peintres ni les regardeurs qui font les tableaux, mais la conjugaison de l'inconscience des uns et des bévues des autres. S'il est vrai que « le fondement même du discours inter-humain est le malentendu » (Lacan), on devrait considérer l'art, ou la relation artistique, comme un malentendu spécialement productif, paradoxal et initiatique. L'auteur et le destinataire se déchargent l'un sur l'autre de la responsabilité d'un sens qui n'en finit pas de leur échapper. Et l'histoire de l'art, c'est le feuilleton passionnant de ces ratages en symétrie inverse indéfiniment reconduits. S'agissant de la relation la plus constructive qui soit, l'idée d'une méprise est évidemment plus excitante que celle d'un consensus.