Le VersusVirus est un hackathon virtuel qui s’est déroulé du 3 au 5 avril derniers dans toute la Suisse, sous le patronage du Département fédéral de l'intérieur. L'intelligence collective de chercheurs et chercheuses, d'expert-e-s, de spécialistes en technologie et de co-citoyens pour a été utilisé pour développer des idées et des solutions nouvelles pour traiter et combattre le nouveau coronavirus et ses conséquences sur notre société.
Divers thèmes ont été abordé, dont l’éducation, la protection des groupes à risque, la prévention de la propagation, les hôpitaux et soins, la famille et enfants, l’isolement et la santé mentale, le travail à domicile et en équipe, les données fiables vs les fake news ou encore l’après-crise.
Un jury de professionnel-le-s de divers horizons a retenu 42 projets sur 263 soumis en fonction de 5 critères, à savoir la pertinence pour l’écosystème suisse, la pertinence de la solution face au coronavirus, le potentiel à long terme, les progrès réalisés au cours des 48h et la valeur ajoutée.
Le projet Dinner Party
Lucie Haye, diététicienne diplômée HES et assistante au sein de la filière Nutrition et diététique de la HEdS-Genève, ainsi que l’équipe interprofessionnelle qui s’est formée pour l’occasion, ont œuvré durant 72 heures afin de proposer un concept intéressant pour la thématique « Isolement & Santé Mentale ». Le projet Dinner Party, prototype de plateforme digitale, a pour but de réunir virtuellement des personnes autour du moment du repas. Il offre également à ses utilisateurs la possibilité de participer à des cours de cuisine enseignés par des professionnel-le-s. Par ce biais, Dinner Party réduit la distance sociale sans réduire la distance physique, et permet entre autres faire la promotion d’une alimentation équilibrée ; deux aspects qui influencent la santé au sens global.
Lucie Haye nous en dit un peu plus, à travers une interview :
D’où vous est venue l'idée de ce projet ?
35% des ménages en Suisse sont constitués d’une seule personne, et sachant que beaucoup d’interactions sociales impliquent la consommation d’un repas, nous avons trouvé pertinent de proposer une solution pour pallier l’isolement social de ces personnes et avoir un impact sur leur santé. L’alimentation touche vraiment aux trois sphères de la santé (biologique, psychologique et sociale), et passer par l’estomac est un moyen simple et efficace d’aider les personnes en cette période particulière. Aussi, l’écosystème suisse tourne beaucoup autour du tourisme et de la gastronomie, et en mettant sur pied ce projet nous avons l’ambition d’aider à renforcer l’économie locale.
Comment cela s’est passé à l’intérieur de l’équipe ?
A titre personnel, c’était assez exceptionnel de travailler en interprofessionnalité avec des personnes hors du domaine de la santé. La motivation était un des points essentiels et nous en débordions tous, je trouve que cela a permis d’exploiter le potentiel et l’expertise de chacun. Le fait que tout se passe à distance a rajouté une autre dimension à cette collaboration ; il fallait avoir les outils technologiques appropriés (Slack, Zoom, Miro, Google Drive, …) et bien s’organiser. La mise en route a été un challenge car nous avions tous beaucoup d’idées, et très vite il a fallu se cadrer et fixer des objectifs qui étaient réalisables en 2 jours. Il y a eu un leadership tournant, mais nous avions une personne en particulier (Tanja Bauer) qui nous guidait du point de vue organisationnel et fixait des deadlines pour que nous atteignions les étapes en temps voulu.
Quelle est la suite du projet ?
Nous avons fait un Zoom directement après l’annonce des résultats lundi soir, et beaucoup d’entre nous sont motivé-e-s à continuer à investir dans ce projet et de voir où nous mènera l’aventure. Nous avons reçu un capital de démarrage de 1000.-, cela va nous servir à perfectionner encore « Dinner Party » et obtenir éventuellement du mentoring et d’autres subventions, sponsors ou donations pour déployer complètement la plateforme.
Quelque chose à retenir de cette expérience ?
Au-delà des challenges pratiques, techniques et organisationnels que nous avons dû surmonter, ce fut une incroyable expérience humaine. Malgré la distance physique, on trouve toujours un moyen d’unir nos forces, et la technologie permet aujourd’hui de continuer à mettre à profit l’intelligence collective.
On peut propager le bien sans propager le virus !