Accompagner les mineur.e.s migrant.e.s : défis et enjeux

Jeudi 13 décembre 2018 18h - 20h30 HETS - Bâtiment E (Aula E007), Rue du Pré-Jérôme 16, 1205, Genève, GE, Suisse
Conférence Migration

Accompagner les mineur.e.s migrant.e.s : défis et enjeux

 

Processus de désaffiliation et d’individuation des migrants mineurs d’Afrique subsaharienne *

Doris Bonnet & Daniel Delanoë

Le nombre de migrants mineurs non accompagnés a considérablement augmenté durant les années 2010, atteignant près de 18 000 en 2017, suscitant des études, des rapports, des réponses au niveau des dispositifs de la protection de l’enfance, et aussi certaines formes de refus. Les parcours de ces mineurs sont multiples et le motif économique est souvent allégué, ainsi que les guerres, l’exploitation, la maltraitance familiale, la recherche de revenus. Arrivés en France, ils bénéficient en principe du dispositif de protection de l’enfance, dont les textes ne font aucune référence à la nationalité des enfants avec une mise à l’abri immédiate, et une mesure spécifique d’évaluation pluridisciplinaire qui permet l’admission ou non au titre de l’Aide sociale à l’enfance et d’accueil en foyer ou en famille d’accueil. Un certain nombre d’entre eux cependant n’y accèdent pas et restent dans la clandestinité.

Une recherche pluridisciplinaire (psychiatrie, anthropologie) menée dans le cadre d’une consultation de psychiatrie transculturelle a permis de recueillir la parole de  plusieurs jeunes mineurs étrangers venus d’Afrique subsaharienne et accueillis dans des structures de l’Aide sociale à l’enfance. Cette étude qualitative vise à préciser les logiques à l’œuvre dans leur décision de migrer. Il apparaît que le processus de désaffiliation des jeunes résulte de plusieurs situations, d’une naissance hors norme, de la perte d’un parent, de la violence familiale ou politique, ou encore de la pauvreté. Souvent très actives dans le départ, les mères sont elles-mêmes dans un processus d’émancipation, mais généralement, sans pouvoir proposer d’autres affiliations à leurs enfants. Migrer en Europe représente pour ces mineurs une tentative de ré-affilation sociale.

*  Cette recherche s’inscrit dans le cadre d’une convention entre l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD, CEPED) et la ville de Vitry sur Seine (Val de Marne).

Organisation: Théogène-Octave Gakuba (CERES, HETS-Genève) et Maryvonne Charmillot (FAPSE, Université de Genève)