Des "grands frères" au savoir-faire de la modération dans les bus nocturnes genevois

Mardi 02 juin 2015 12h15 - 13h30 HETS, 28, rue Prévost-MartinSalle A006, case postale 80, 1211 Genève 4, Suisse

Kim Stroumza, professeure à la HETS et docteure en Sciences du langage

Cette conférence présente les résultats d’une recherche-intervention mandatée par l’Association Noctambus, financée par la Fondation Meyrinoise, et qui a consisté à décrire et visibiliser le savoir-faire déployé par les modérateurs dans les bus nocturnes à Genève (dans les Noctambus)[1].

La modération fait partie de ces pratiques (médiation, correspondant de nuit, …), qui émergent depuis les années 90 en marge et/ou à l’intersection de métiers bien identifiés et qui interrogent toutes la capacité des autorités publiques à fournir des réponses aux nuisances du quotidien et à assurer une présence rassurante pour la population (de Maillard, Bénéc’h-Le Roux, 2012, Rochaz, 2014).

En modélisant le savoir-faire spécifique à la modération dans une démarche d’analyse de l’activité, notre recherche-intervention a montré comment les modérateurs œuvrent à la quiétude dans les bus nocturnes en construisant (sans cesse) à l’intérieur des bus un territoire avec des qualités spécifiques : un territoire commun, ouvert, habité et aux tensions viables. Les notions d’accueil, de participation des passagers et de convivialité sont ainsi au centre de leur savoir-faire et y acquièrent une coloration particulière.

Plus spécifiquement dans cette conférence, nous discuterons quelle conception du savoir-faire développer pour à la fois -  ne pas résumer celui-ci à des caractéristiques physiques ou culturelles : telle personne serait apte à être modérateur parce qu’elle aurait certaines propriétés physiques ou une proximité culturelle avec la majorité des jeunes accueillis dans le bus (d’où l’appellation ‘grand frère’), - ne pas non plus le concevoir comme une posture personnelle, et - en même temps ne pas non plus considérer le savoir-faire comme des gestes ou des théories qui seraient désincarnées. Nous parlerons du savoir-faire comme d’un engagement dans une perspective (Mezzena, 2014).

 


[1] Cette recherche a abouti à la construction d’une plateforme web pour présenter ce savoir-faire, plateforme qui sera d’ici cet été disponible sur le site de Noctambus. L’équipe de recherche était composée de S. Mezzena (prof hets), L. Krummenacher (stagiaire master), N. Reichel (travailleur social et superviseur à Noctambus), P. Baumgartner (réalisateur indépendant, ikon production) et K. Hoang  (concepteur multimédia).