Travail social hors murs, une fonction au carrefour des pratiques et des contextes prescriptifs particulièrement complexes et paradoxaux

Joëlle Libois (HETS - Genève), Laurent Wicht (HETS - Genève), Denis Huc (HETS - Genève), Yannis Papadaniel (HETS - Genève)

L'observation de la pratique au quotidien des professionnels, en utilisant la vidéo, montre que ces derniers sont appelés à s'immerger parmi des groupes de jeunes qui investissent l'espace public, s'immerger en essayant de saisir les usages du milieu, les rites et codes de la rue. Ce processus d'immersion constitue une part essentielle de leur activité. Il vise l'établissement d'une première accroche avec des jeunes, généralement sans contact avec des services sociaux classiques et dont une bonne partie d'entre eux est en rupture de formation ou appelé à occuper des emplois temporaires.

Les TSHM tentent d'établir, puis de développer une relation de confiance avec ces jeunes sur la base de projets qui se déclinent à proximité même des lieux de rassemblement de ces jeunes. Ces projets prennent la forme d'ouverture des salles de gym dans les préaux d'école, de la cogestion de locaux dans les bâtiments municipaux, ou encore de décoration de murs à la peinture. Par l'offre de petits jobs ou de soutien social dans le cadre de ces projets, les TSHM tentent d'établir une relation éducative afin de mobiliser les ressources des jeunes. Mais, dans le même temps, notre étude relève que ces travailleurs sociaux sont aussi appelés à travailler en réseau avec ceux qui se plaignent des jeunes, concierges, corps enseignants, voisins. Le choix de leurs lieux d'intervention dans l'espace public est ainsi dicté par les tensions sociales qui se cristallisent. Ainsi l'analyse des pratiques des TSHM montre que leurs actions s'articulent dans une dimension de réponse à une situation de tension liée à la visibilité des jeunes dans l'espace public, et à la fois dans une dimension intégrative et participative des jeunes concernés.