Recherche intervention sur l'apport de séances de psychomotricité à l'espace accueil enfants de "la Coccinelle" au centre d'Anières par une thérapeute en psychomotricité

Anne-Françoise Wittgenstein (Professeure HES, HETS-GE), Ludivine Ginet (Thérapeute en psychomotricité CDIP, HETS-GE)

La recherche explore les effets de la mise sur pieds d’espaces-temps psychomoteurs réguliers  auprès d’enfants d’âge préscolaire  dans le cadre de la Coccinelle du foyer d’Anières. L’hypothèse est que les principes d’intervention de la psychomotricité, par le jeu et la mobilisation de la sensorialité et du corps en relation, favorisent de bonnes conditions de développement, une attention aux difficultés précoces ainsi que l’intégration des enfants à l’école.

Le cadre de la recherche, met en lien différents constats, notamment que:

  • Construire son corps comme objet de connaissance et médiateur de relation joue un rôle prépondérant dans les mécanismes de développement et d’organisation sur les plans moteur, affectif, social et cognitif ;
  • La situation de migration diminue souvent la qualité des relations précoces, dont nous savons le rôle essentiel pour le développement. La littérature montre que les troubles des enfants confrontés à ce type d’expérience sont fréquents, mais que leur développement bénéficie beaucoup d’appuis de type résilients.

Au terme de l’intervention menée, en assurant une présence hebdomadaire de février 2015 à décembre 2017, les résultats montrent l’intérêt d’une telle approche pour améliorer la socialisation des enfants (comportement d’affiliation p.ex.),  leurs compétences de communication (attention conjointe, tour de rôle, p.ex.), d’exploration, d’expression verbale et d’organisation corporelle dans l’espace et le temps. De plus, à l’occasion de leur entrée à l’école, les enfants peuvent globalement s’appuyer sur ces acquis pour fonctionner adéquatement avec leurs pairs et les adultes et s’intéresser aux apprentissages scolaires. Ceci alors même qu’agitation psychomotrice, inhibition ou désorganisation et agressivité sont souvent présentes au départ de la participation des enfants à l’espace-temps psychomotricité.

Les autres stimulations et les mécanismes de développement concourent bien sûr également à l’évolution des enfants. Cependant on note que le nombre d’enfants inscrits était plus important et régulier lors de la présence de la psychomotricienne ainsi qu’une belle participation des parents au Portes ouvertes organisées à leur attention et un grand intérêt pour les activités psychomotrices proposées. On voit ainsi le rôle organisateur que peut représenter la présence de la professionnelle, plus value renforçant l’intérêt pour la Coccinelle et son intégration dans les mœurs des parents.

On peut noter également l’intérêt de l’expérience pour les personne du Foyer qui encadrent les enfants et qui ont pu bénéficier d’une sensibilisation à l’importance de certaines dimensions de l’accueil de jeunes enfants dans une structure collectives (rituels, jeux, structure de l’espace et rythme des activités comme soutien aux explorations de l’autre et de l’environnement notamment).

Des développements envisagés sur cette base, impliquant les parents et visant un appui à leur parentalité n’ont pas pu être mis en place.

En conclusion, la présence professionnelle d’une psychomotricienne, orientée sur les conditions d’accueil des enfants en termes de dialogue corporel, ludique et d’exploration psychomotrice révèle une tendance favorable dans un cadre tel que celui d’un foyer pour famille requérantes d’asile. Les  expériences corporelles  s’ouvrant sur le plaisir de la sensorialité et de la communication avec le corps ainsi qu’un travail d’appropriation de ses sensations et perceptions corporelles et leur transformation en une conscience de soi, contribuent à la structuration et l’investissement d’un corps habité permettant l’ouverture vers un espace de pensée, de connaissances et de relation. A relever enfin que l’attention portée à la continuité de l’offre et de la présence est également apparue comme un facteur essentiel en contrepoint de la fragilité de l’ancrage social, psychique et corporel des enfants et des adultes.