Love at registry offices. An anthropological view on intimacy institutions

2011 - 2014 - Terminé Egalité et diversité

Anne Lavanchy (HETS Genève)

in English :

The project focuses on state employees working at distinct levels of Swiss, Scottish and European civil registration bureaucracies. One of these employees’ chief tasks is to put into practice various national and international regulations concerning union and marriage,

which entails assessing every proposed union to estimate its suitability, or absence thereof, with respect to the model of “true” marriage. The principal goal of this inspection is thus to ferret out unsuitable or illegal marriages. In this process, ethnic, racial and gender categorisations play a central role, participating in the creation of both conscious and semiconscious stereotypes and expectations on the part of those responsible for such decisions. Drawing on classical socio-anthropological research on institutions, I focus in this project on civil servants’ “wiggle-room” – the amount of discretion they are granted in performing these evaluations – and on how they use this localized discretionary power.

 

en Français :

Cette recherche explore la manière dont les sociétés complexes réglementent les alliances de leurs membres et imposent différents critères. Son objectif est d’analyser les articulations entre les normes prévues au sein du cadre législatif et celles qui peuvent naître dans l’univers social plus général. Le cadre législatif (code civil des obligations ; loi sur le partenariat enregistré ; loi sur le séjour des étrangers ; loi sur le droit privé international) s’attache à déterminer les cas dans lesquels mariages et partenariats ne peuvent pas intervenir, ce qui rend impératif de clarifier l’identité des futurs conjoint∙e∙s. Par ailleurs, en vertu des représentations sociales, c’est « l’amour » qui garantit la légitimité de l’alliance. Or l’amour constitue une notion romantique difficile à cerner, dont la définition varie d’un individu à un autre tout en présentant des traits communs plus généraux, et notamment en termes de comportements perçus comme adéquats à adopter, comme la fidélité sexuelle, l’intimité et la transparence entre les partenaires. A leur tour, ces termes sont sujets à des définitions variables.

L’Etat-civil constitue une institution centrale pour appréhender l’alliance sous ces multiples facettes. Il est appliqué par des personnes qui doivent ramener des situations concrètes, variables, multiples au cadre législatif qui réglemente leur profession. Les fonctionnaires assermentés qui y travaillent partagent certaines des représentations plus générales sur l’amour, et probablement sur la nécessité de la présence d’un quelconque sentiment amoureux pour conclure un contrat de mariage. La recherche va s’attacher à cerner ces différents discours, en s’intéressant aux questions suivantes : Comment ces deux types de discours entrent-ils en dialogue ? Quelles sont, dans les pratiques, les situations qui donnent lieu à des divergences, des tensions entre les interprétations ? Comment ces tensions sont-elles résolues ?