Indigence en pays d'opulence ? Approche anthropologique de l'aide alimentaire en Suisse

2019 - 2023 - Terminé Précarité

Laurence Ossipow Wüest , Anne-Laure Counilh (HETS-Genève), Yann Cerf (HETS-Genève)

Aujourd’hui en Suisse, aucun individu ne meurt de faim, mais nombreuses sont les personnes qui vivent dans l’insécurité alimentaire et se sont appauvries en raison de mauvaises conditions de travail, du chômage, de coupes dans l’aide sociale, d’endettements, de problèmes de santé et de certaines situations familiales…Incapables de faire face à leurs dépenses ordinaires et imprévues ainsi que contraintes d’économiser sur la nourriture pour maintenir leur budget à flot, les personnes démunies se voient obligées de recourir à l’aide alimentaire. La Suisse comme d’autres pays riches ne fait donc plus figure d’exception et rejoint le groupe des nations européennes et nord-américaines ayant mis en place un système de distribution de nourriture à plus ou moins grande échelle pour compenser les effets du néolibéralisme qui creuse les inégalités socio-économiques sans mettre en place de véritables politiques publiques de lutte contre la pauvreté. La Suisse n’ayant fait l’objet d’aucune étude d’envergure sur la question de l’aide alimentaire alors que la presque totalité des pays nord-américains et européens sont documentés, nous proposons une enquête qui permettra d’en comprendre les enjeux en contexte helvétique. Fondée sur le principe d’une approche multi-sites et multi située, cette enquête propose une cartographie de l’aide alimentaire en Suisse, puis deux études de cas dans deux cantons spécifiques (Genève et Fribourg) documentés par observations directes, entretiens informels et formels, recensions et analyse de la presse écrite. Nous nous pencherons sur le fonctionnement de trois banques alimentaires régionales et sur différents dispositifs de redistribution liés à une aide conditionnelle (nécessitant une résidence légale et une attestation de revenu) ou à une aide inconditionnelle (aide à bas seuil sans nécessité d’identification).

Théoriquement, il s’agira d’analyser comment s’articulent responsabilité d’état, missions associatives, appel au sponsoring privé et à la société civile pour soutenir des dispositifs qui appuient leur travail d’aide autant sur la lutte contre l’insécurité alimentaire que sur celle contre le gaspillage. Ainsi seront discutées les formes de charité, de solidarité, d’échange, de réciprocité, de résistance et de luttes pour des droits autant que d’encadrement, de stigmatisation et de contrôle en contexte de pauvreté.

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