Analyse du projet de permanence de soins dentaires (PSD) de la Croix-Rouge genevoise
La Croix-Rouge genevoise s’intéresse depuis quelques années à apporter une réponse à la problématique du renoncement aux soins de santé, bien documentée dans la littérature scientifique. Elle touche tout particulièrement les couches de la population à bas revenus et concerne essentiellement les soins qui ne sont pas couverts par l’assurance maladie de base, comme les soins dentaires.
L’institution a mis sur pied dès la fin du premier confinement lié à la pandémie du covid-19 (1er septembre 2020) un projet pilote de permanence de soins dentaires (PSD), dont la mission consiste à fournir des soins pour une somme modeste à la population des « working poor », à savoir les personnes ayant un revenu de leur travail, qui les positionne dans une situation de risque de pauvreté, mais qui ne leur permet pas d’obtenir de l’aide sociale. À ce jour, environ 600 personnes ont pu bénéficier des soins de la PSD. Le succès de cette dernière a cependant un prix : de nombreuses personnes ne sont pas prises en charge, soit parce qu’elles ne sont pas éligibles, soit parce qu’elles n’ont pas connaissance de l’existence de cette PSD, mais surtout car la PSD ne permet pas en l’état de répondre à toute la demande qui se manifeste. L’objectif du mandat a consisté à répondre aux questions suivantes :
- Quelle est la population de la PSD et quelle est l’ampleur et les causes du phénomène de renoncement aux soins bucco-dentaires ?
- Quel modèle de soins est appliqué à la PSD ? Répond-il correctement aux besoins ?
- Que peut-on déduire par rapport à la renonciation aux soins au niveau du canton de Genève (besoins globaux) et quelles seraient les meilleures options pour répondre aux besoins ?
Pour répondre à ces questions, plusieurs méthodes ont été employées. Une approche quantitative a exploité statistiquement les données administratives de la PSD et a généré une base de données à travers une enquête auprès d’un public-cible. L’approche qualitative s’est basée sur des entretiens semi-directifs avec les bénéficiaires (potentiels et effectifs) ainsi que les prestataires des soins. Enfin, une approche à la fois analytique, conceptuelle et fondée sur des ateliers et entretiens a permis de mieux comprendre le « modèle d’affaire » déployé au sein de la PSD, ceci afin d’en déterminer d’éventuelles améliorations possibles en termes d’efficience, de couverture ou de réduction des listes d’attente.