Repenser la protection de l’enfance: l’apport de la théorie de l’attachement social
Coorganisée par la Haute école de travail social de Genève (HETS) et l’Astural, cette conférence de Serge Paugam s’inscrit dans le cadre du 70e anniversaire de l’association genevoise.
Hier comme aujourd’hui, l’individu ne peut vivre sans attaches et passe sa vie à s’attacher - ou à se rattacher après une rupture - à sa famille tout d’abord, mais aussi aux proches qu’il s’est choisis par nécessité, par amour ou amitié, à sa communauté ethnique ou religieuse, à ses collègues de travail ou à ses pairs, aux personnes qui partagent les mêmes origines géographiques, sociales ou culturelles, et bien entendu aussi aux institutions de son pays. Autrement dit, l’être humain est anthropologiquement solidaire car il ne peut vivre sans ces attachements multiples, qui lui assurent à la fois la protection face aux aléas du quotidien et la reconnaissance de son identité et de son existence sociale.
L’attachement social correspond au processus d’entrecroisement de ces différents types de liens. Il se constitue dès l’enfance et se renforce progressivement au cours de la socialisation. Mais ce processus est profondément inégal : les liens libèrent le plus souvent, mais peuvent aussi fragiliser ou oppresser, et parfois se rompre en privant nombre d’individus des supports élémentaires de protection et de reconnaissance. C’est auprès de ces jeunes en souffrance de liens qu’interviennent les services et les professionnels de la protection de l’enfance. L’enjeu pour ces derniers est de tenter de tisser ou de retisser la trame de ces liens perdus ou fragilisés afin de permettre à ces enfants d’être pleinement attachés aux groupes et à la société et d’y trouver les moyens de leur épanouissement en tant qu’individus et en tant qu’êtres humains.
Les services de la protection de l’enfance traversent toutefois, aussi bien en France qu’en Suisse, un malaise qui s’installe dans la durée et qui finit pour beaucoup par s’imposer comme une fatalité. En se fondant sur la théorie de l’attachement social – et sur le livre qu’il vient de publier –, Serge Paugam tentera d’élucider les causes profondes de ce malaise et de dégager des moyens d’y répondre.
Pour des raisons d’organisation, nous vous remercions d’annoncer votre participation d’ici au 25 septembre 2024.
PROGRAMME
- 17h30 : Ouverture des portes
- 18h00 : Mot de bienvenue : M. Jean-Félix Savary, Directeur de la HETS
- 18h10 : Mot d’introduction, Mme Françoise Tschopp, Présidente de l’association Astural et M. Philippe Bossy, Secrétaire général de l’Astural
- 18h15 : Conférence de M. Serge Paugam, sociologue
- 19h30 : Echanges avec le public, modération par Laure Gabus
- 20h00 : Apéritif
- 21h00 : Fin
Conférencier
Serge Paugam est sociologue, Directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales. Il a fondé et dirige la revue Sociologie et la collection « Le Lien social » aux PUF. Il est connu pour ses ouvrages sur la pauvreté, les inégalités et les ruptures sociales parmi lesquels La Disqualification sociale (PUF, 1991), Les Formes élémentaires de la pauvreté (PUF, 2005), Ce que les riches pensent des pauvres (Seuil, 2017). Il vient de publier L’attachement social. Formes et fondements de la solidarité humaine (Seuil, 2023), somme de 640 p., qui a reçu un accueil enthousiaste dans la presse, les radios et qui suscite de nombreux débats en France et à l’étranger.
Astural
La mission de l'association genevoise est d’accueillir et d’accompagner des enfants et des jeunes qui rencontrent dans leur développement des difficultés trop grandes pour qu’eux-mêmes et leurs familles puissent les surmonter seuls.
