Une expérience sous tension: modes de vie précaires entre nouvelles formes d'exploitation et potentiel d'émancipation

Mardi 28 mars 2017 12h15 - 13h30 Haute école de travail social (HETS) - Salle A006, Rue Prévost-Martin 28, 1205, Genève, Suisse
Conférence Précarité

Une conférence de Patrick Cingolani (Laboratoire de changement politique et social, Université Paris-Diderot).

Le mot précaire s’inscrit historiquement dans une polysémie de faits et d’expériences et l’on souhaiterait dans la communication plus particulièrement interroger cette dimension jusqu’à son point d’ambivalence et de tension. A partir d’une investigation des usages de l’intermittence et des nouvelles conditions du travail, au croisement de l’emploi précaire et de l’indépendance, dans les industries culturelles, on se propose de suivre les formes de vie et de travail qui émergent plus ou moins contradictoirement au sein des processus de dérégulation contemporains. Il s’agira de suivre ces formes de vie dans une tension voire un indécidable entre émancipation et exploitation entre potentiel alternatif et institution normative d’un précariat. Après un rappel des transformations du capitalisme contemporain dans le secteur des industries culturelles, on envisagera tour à tour les reconfigurations de l’organisation et des conditions du travail dans ce secteur, en insistant sur l’externalisation et la fragmentation des travailleurs, et les question que soulèvent les formes de vie en tension qui émergent dans les pratiques du travail et des nouvelles technologies. En questionnant les significations de ces formes de vie et de ces usages du travail, on tentera de dessiner comment ils peuvent sortir de leur ambivalence pour éventuellement tracer de nouveaux espaces et de nouveaux types de revendication.

Depuis plus de vingt ans Patrick Cingolani interroge les expériences alternatives au sein des sociétés contemporaines. C’est de ce point de vue qu’il a revisité à partir des contestations et des luttes de la jeunesse dans les années 70-80 les significations associées aux mots « précaires » et « précariat » et qu’il approche aujourd’hui les expériences des travailleurs des industries culturelles et créatives. Les recherches de Patrick Cingolani sont aussi des recherches critiques sur la sociologie et ses paradigmes : sur sa relation à l’institution, à la domination, au changement. Il a notamment publié L'Exil du précaire - récit de vies en marge du travail, Méridiens Klincksieck, Paris, 1986 ; La république, les sociologues et la question politique, La dispute, 2003 ; Révolutions précaires  – essai sur l’avenir de l’émancipation, La découverte, 2014 ; La précarité, Que-sais-je, PUF, 2015.