Employé-e-s de solidarité. Impacts d’un programme de réinsertion professionnelle

Mardi 11 octobre 2016 12h15 - 13h30 Haute école de travail social (HETS) - Salle A006, Rue Prévost-Martin 28, 1205, Genève, Suisse

Une conférence de Sophie Rodari et Eric Romer, HETS-Genève.

Cette conférence examine la question des effets d’un programme de requalification et de réinsertion professionnelle sur des employé-e-s de solidarité (EdS). Alors que, pour apprécier les effets des dispositifs concernés, l’évaluation de la politique publique de l’emploi orientée vers les chômeurs et chômeuses de longue durée canalise les observations vers le dénombrement des retours à l’emploi, c’est une autre perspective de la recherche évaluative qui est suggérée ici. Dans le cadre d’une enquête longitudinale et ethnographique effectuée pendant deux ans au sein d’une association localisée dans le canton de Genève, les résultats présentés ici sont issus d’une étude comparée entre deux entretiens collectifs menés auprès de deux populations en EdS « encadrées » par le programme en question. La situation examinée est l’issue de la prise en charge de ces personnes, telles que la définissent deux groupes professionnels du tertiaire en emploi solidarité, un personnel EdS non qualifié et un personnel EdS des professions intermédiaires. Le retour incertain à l’emploi du premier groupe aboutit à un rapport sinon distancé sur le mode de la dérision, du moins indifférent ou résigné à toutes les activités imposées dans le programme; le retour assuré mais déclassé sur le 1er marché de l’emploi du second groupe, se traduit plutôt par la dénégation ou la contestation envers des contenus de formation du programme. Contextualisée, la comparaison entre les deux logiques internes de ces entretiens collectifs est articulée aux effets du marché du travail et à ses règles du jeu en matière de recrutement sur les pratiques de socialisation institutionnelle à l’œuvre dans le programme examiné. Cette contextualisation permet ainsi de mettre en évidence une logique de renforcement des inégalités entre classes populaires et classes intermédiaires face au monde du travail, à laquelle contribue paradoxalement le mode de socialisation post-scolaire pratiqué dans ce programme.