Les théories de l'intersectionnalité à l'épreuve des sciences sociales

Mardi 20 mai 2014 12h15 - 13h30 Haute école de travail social, Rue Prévost-Martin 28, 1205, Genève, Suisse

Une conférence de Sébastien Chauvin, sociologue, professeur assistant à l'Université d'Amsterdam et fondateur du Amsterdam Research Center for Gender and Sexuality (ARC-GS).

La notion d'intersectionnalité forgée aux Etats-Unis dans les années 1980 cherchait à donner un nom aux dilemmes stratégiques rencontrés par des catégories de personnes subissant des formes combinées de discrimination et de domination. Formulée initialement dans l'arène des mouvements sociaux et du droit, le terme s'est progressivement vu accorder une portée théorique plus abstraite dont le statut épistémologique reste ambigu.

Retracer la généalogie stratégique des théories de l'intersectionnalité permet d'éclairer leur portée analytique. Plutôt que de partir d'une métaphore de l'intersectionnalité comme "boîte noire" qui chercherait à en réduire la confusion au moyen d'une meilleure définition, on partira des problèmes pratiques que la notion a visé à résoudre et des espaces spécifiques qui en ont déterminé les enjeux.

La démarche permettra de comparer les généalogies respectives de ces questionnements aux Etats-Unis et en France depuis les anneés 1970, par-delà les différences de termes utilisés. On montrera la façon dont l'appropriation de ces approches par les sciences sociales a permis de reformuler en principes d'investigation empirique les problèmes normatifs de l'espace politico-juridique. On illustrera les questions soulevées par une telle appropriation avec l'exemple de la notion de discrimination.