Pour celles et ceux qui ne te connaîtraient pas encore, peux-tu te présenter ?
Je suis physiothérapeute de formation. J’ai obtenu mon bachelor en 2009 à Lausanne puis j’ai exercé comme physiothérapeute pendant quelques années. En 2011, j’ai débuté un master en Sciences du mouvement et du sport à l’Université de Lausanne et en parallèle, j’ai été engagé comme assistant au sein de la filière physiothérapie à la HEdS-Genève.
Durant mon master, j’ai découvert le monde de la recherche et une fois mon diplôme en poche, j’ai poursuivi avec un doctorat en neuroscience axé sur le développement de thérapies innovantes pour la rééducation motrice du bras après un AVC et les changements cérébraux liés à l’amélioration clinique des patient-es. J’ai mené ces études au sein du laboratoire de neurorééducation des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG). Après l’obtention de mon doctorat en 2016, j’ai poursuivi avec un post-doctorat au sein du même laboratoire en poursuivant cet axe de recherche et en commençant à développer et mener mes propres recherches, jusqu’en 2020.
Par la suite, j’ai été engagé comme professeur assistant au sein de la filière physiothérapie de la HEdS-Genève, poste que j’occupe encore actuellement. En parallèle, j’enseigne la neuroanatomie, l’apprentissage et le contrôle moteur, la neurologie et les disciplines liées à la recherche scientifique au sein de la filière physiothérapie. J’encadre également les étudiants au travers de leur mémoire au niveau bachelor, master ou doctorat. Enfin, je suis rédacteur en chef adjoint de la revue Mains Libres, une revue nouvellement soutenue par la HES-SO. Un challenge passionnant parce que la revue fait le pont entre les fruits de la recherche et les implications pratiques pour les professionnels de santé. De surcroit, elle est disponible dans un format numérique avec la création d’une plateforme Open Access interactive accessible tant aux praticien-nes, qu’aux chercheur-euses et aux patient-es.
J’ai récemment été nommé récemment vice-président du BEST (Bureau d’Échange des Savoirs pour des pratiques exemplaires de soins), un centre d’excellence de la Joanna Briggs Institute. Un mandat qui revêt une importance capitale à mes yeux : promouvoir et soutenir les pratiques basées sur les meilleures données scientifiques disponibles pour les professions du soin et de la santé.
Qu’est-ce qui t’a poussé à orienter ta carrière vers la recherche ?
À l’origine, je n’imaginais pas du tout me diriger vers une carrière de chercheur. Mais en pratiquant, j’ai ressenti le besoin de comprendre les bases scientifiques des thérapies utilisées au quotidien. Pourquoi effectue-t-on tel geste ? Quelles sont les fondements scientifiques de telle ou telle thérapie ?
Lors de ma thèse de master, j’ai découvert les modalités d’investigation du cerveau et je me suis dit que s’il y avait une thèse de doctorat qui pouvait m’amener à comprendre comment optimiser nos thérapies et leurs effets sur le cerveau, alors il fallait que je me lance. Et la vie est bien faite, une opportunité s’est présentée et je l’ai saisie. Et je ne regrette pas : c’était le bon choix.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans la recherche ?
Ce qui me passionne particulièrement dans la recherche, c'est la possibilité de mener mes propres projets tout en ayant un impact concret sur la qualité de vie des patient·es cérébro-lésé·es. Bien que je ne pratique plus la physiothérapie en tant que thérapeute, le fait de conserver un contact direct avec les patient·es reste essentiel pour moi.
J’apprécie également l’aspect stimulant de la recherche, notamment la démarche visant à démontrer scientifiquement l’efficacité des thérapies et à contribuer à l’évolution des pratiques en rééducation.
Quels sont tes objectifs à moyen et long terme ?
Mon objectif personnel, bien que secondaire, est de poursuivre mes recherches en les intégrant pleinement à la formation, tout en développant des synergies entre le monde académique et les acteurs de terrain.
Cependant, mon objectif principal est d’offrir à mes étudiant·es un enseignement de qualité, les accompagner et les encourager à s’engager dans la recherche, et les aider à développer leurs compétences scientifiques et professionnelles, quel que soit le niveau d’étude, du bachelor au doctorat.
De plus, je souhaite faire prospérer la revue Mains Libres et continuer à promouvoir la pratique basée sur les preuves auprès des professionnel·les de santé à travers mes mandats, afin de contribuer à l’évolution des pratiques cliniques et d’ancrer davantage la recherche de manière translationnelle vers la pratique.
Quels conseils donnerais-tu à une future chercheuse ou un futur chercheur ?
Selon moi, il est essentiel d’être passionné par sa thématique de recherche, car on y investit énormément de temps et d’énergie. La curiosité et l’envie d’approfondir ses connaissances sont des moteurs indispensables pour avancer.
La recherche demande beaucoup de persévérance. Il est important de s’entourer des bonnes personnes et de savoir accepter les erreurs comme une étape d’apprentissage. Chaque difficulté est une opportunité d’affiner ses compétences et de progresser.
Un aspect fondamental est de se créer un réseau académique et professionnel. Assister à des conférences, échanger avec d’autres chercheur·euses et s’engager dans des collaborations nationales et internationales sont des leviers essentiels pour faire connaître ses travaux et élargir ses perspectives de carrière.
Enfin, il est crucial de prendre soin de son équilibre personnel. La recherche est exigeante, mais préserver son bien-être est indispensable pour rester productif, créatif et motivé. Apprendre à gérer son temps et à poser des limites permet d’éviter l’épuisement et de maintenir une dynamique de travail saine et durable.
Une carrière de chercheur·euse se construit au fil du temps. Il n’est pas nécessaire d’y être destiné dès le début de son parcours : avec de l’engagement, des opportunités et un bon accompagnement, il est tout à fait possible de s’y épanouir et d’y réussir.