Rencontre avec une chercheuse HEdS : Jessica Di-Vincenzo Sormani

Publié le 16 avril 2024

Jessica Di-Vincenzo Sormani est Professeure assistante au sein de la filière Sage-femme de la HEdS-Genève. Il y a six ans, elle s’est lancée dans un doctorat. Aujourd’hui, elle est une chercheuse chevronnée et transmet les résultats de ses recherches dans des enseignements bachelor et master. Un parcours passionnant et une ascension rapide, pour une femme à la fibre humanitaire, qui s’engage corps et âme dans ses projets, pourvu que ces derniers aient un impact positif sur la santé des femmes.

Elle nous a offert de son temps bien chargé pour une interview que nous vous invitons à découvrir :

Jessica Di Vincenzo Sormani

Pour commencer, est-ce que tu pourrais présenter ton parcours ?

J’ai obtenu mon Bachelor of Science HES-SO de Sage-femme ici, à la HEdS-Genève, en 2015. J’ai tout de suite poursuivi mes études avec un Master en Santé publique et environnement auprès de l’Ecole de santé publique de Nancy. A ce moment-là de ma vie, je m’orientais plutôt sur une carrière dans l’humanitaire. 

En parallèle de mon Master, j’effectuais un stage pour l’ONG Enfant du Monde à Genève. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai continué à y travailler en tant que consultante en santé maternelle et néonatale pour la formation des sages-femmes au Burkina-Faso. J’ai également travaillé dans des camps de réfugié-es, pour lesquels j’effectuais des consultations prénatales dans le cadre du projet P.A.N.D.A (Pregnancy and Newborn Diagnostic Assessment) mené par l’ONG AISPO (Italian Association for Solidarity Among People), et collaborait également à un projet de dépistage de la tuberculose avec l’Hôpital San Raffaele de Milan. Puis je suis partie collaborer à un projet humanitaire à Madagascar, visant à implémenter des consultations maternelles basées sur les recommandations de l’OMS via l’application de de télémédecine P.A.N.D.A.

En 2018, j’ai débuté comme assistante de recherche au sein de la filière Sage-femme de la HEdS-Genève en parallèle d’un doctorat en sciences de la vie à l’Université de Lausanne. Dans le cadre de mon PhD j’ai intégré l’équipe de recherche du Pr Patrick Petignat (HUG), médecin chef du service de gynécologie des HUG, travaillant depuis 20 ans sur le dépistage du cancer du col de l’utérus au Cameroun. Ma thèse consistait à évaluer l’implémentation d’un programme de dépistage du cancer du col de l’utérus au Cameron, en déterminant sa faisabilité, sa sécurité et son acceptabilité auprès de la population et des soignants. Un projet passionnant. J’ai terminé mon doctorat en 2022 et j’ai été promue au poste de Professeure assistante en 2023. Aujourd’hui, je continue à publier sur la recherche sur la santé sexuelle des femmes et particulière sur le cancer du col utérin et à collaborer avec le projet de recherche au Cameroun ; j’enseigne les résultats de mes recherches dans la filière bachelor Sage-femme, et aux étudiant-e-s du master santé de l’HES-SO/UNIL et je viens de déposer une demande de fond auprès du Fond National Suisse (FNS) pour un projet dans cette thématique.
 

Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans la recherche ; toi qui te destinais plutôt à une carrière humanitaire ?

Mon objectif a toujours - et sera toujours- d’améliorer l’accès aux soins des femmes vulnérables. J’ai vite compris que si on voulait avoir un impact sur les politiques de santé publique et faire bouger les choses, il faut passer par la recherche et pour avoir s’appuyer sur des résultats scientifiques. Quand l’opportunité de faire de la recherche s’est présentée, je savais que c’était le meilleur moyen pour contribuer à améliorer l’accès aux soins.
 

Et qu’est-ce qui te plaît le plus dans la recherche ?

J’aime le processus dans son ensemble. Je fais des rencontres incroyables, j’ai l’occasion de développer des partenariats riches et j’apprends tous les jours. Quand je vois que, grâce aux stratégies implémentées au Cameroun, sur lesquelles j’ai collaboré dans le cadre de mon doctorat, nous avons dépisté plus de 6'000 femmes contre le cancer du col de l’utérus, c’est une victoire ! Et maintenant qu’on a mis ça en place, comment fait-on pour aller encore plus loin ? C’est motivant et j’ai très envie de continuer.

Quels sont tes objectifs à moyen terme ?

Je viens tout juste de déposer un projet au Fond National Suisse (FNS) pour un projet visant à améliorer la couverture de dépistage du cancer du col chez les femmes sous-dépistées en Suisse. Je collabore actuellement sur différents projets de recherche en Suisse et au Cameroun, en partenariat avec les HUG et l’EPFL et je souhaite continuer à mener mes projets de recherche en santé sexuelle pour contribuer à améliorer la santé des femmes. Je souhaite également m’engager encore davantage dans l’académisation de la profession de sage-femme. A ce jour, il y a encore peu de sages-femmes qui bénéficient de masters et/ou de doctorats en Suisse. C’est pourquoi, superviser des thèses de master et de doctorat est une partie de mon travail qui me tient à cœur. Peut-être qu’un jour je reprendrai aussi un peu de pratique clinique, je n’ai pas fermé la porte.

Quels seraient les conseils que tu donnerais à un-e futur-e chercheur-euse ?

Il faut aimer évoluer dans un milieu académique. Être capable de travailler en réseau, être flexible et se tenir tout le temps à jour sur la littérature scientifique et les recommandations.

On travaille également beaucoup par projet, donc il y a des périodes intenses et d’autres un peu plus calmes. Il ne faut pas avoir peur de déposer plusieurs projets avant qu’un soit retenu.

 


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