Le projet Asclepios est un projet pédagogique créé en 2019 à l’initiative de Space@yourService (organisation à but non lucratif reconnue par l’EPFL qui vise à promouvoir et à vulgariser les sciences du spatial - astrophysique, ingénierie spatiale, astronomie, etc...-), afin d’organiser une mission spatiale analogue à des fins éducatives et de recherches. La HEdS-Genève est fière de compter parmi les personnes prenant part au projet une de ses membres : Lucie Haye, diététicienne diplômée et assistante HES, pour la première mission qui sera lancée en juillet 2021 !
(Pour plus d’informations quant au projet : https://asclepios.ch/fr/asclepios-fr/le-projet/ )
En effet, lorsque nous pensons à une mission spatiale, nous pensons astronautes, fusées et ingénieur-e-s en astrophysique… Pourtant, une mission dans l’espace est bien plus complexe que l’on imagine et demande l’intervention de plusieurs centaines voire milliers de personnes durant plusieurs mois ou plusieurs années selon la durée du projet (l’ESA par exemple, l’ « European Space Agency » emploie environ 2200 personnes, personnel administratif compris).
Il n’est pourtant donc pas étonnant de croiser de nombreux et différents corps de métiers gravitant autour d’un seul et même projet spatial, tels des diététicien-ne-s comme Lucie Haye. Oui, bien se nourrir dans l’espace est d’une importance capitale que le grand public sous-estime souvent, afin que les corps et les esprits des scientifiques et des ingénieur-e-s envoyés à des milliers de kilomètres de chez eux-elles résistent et gèrent de manière optimale les conditions parfois extrêmes infligées à l’organisme.
Entretien avec Lucie Haye, diététicienne et assistante HES à la Haut école de santé de Genève :
Quand et comment avez-vous entendu parler de ce projet ?
Lucie Haye : Kevin Pahud, le chef de l’équipe « Astronaut », a transmis une annonce à la filière Nutrition & diététique en Septembre 2020.
Quand avez-vous décidé d’y participer ? Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet ?
J’ai tout de suite postulé ! Petite, je voulais être « ingénieure/inventrice », j’ai toujours été très intéressée par l’ensemble des sciences naturelles. J’ai le goût du challenge et je trouve enrichissant de transposer et d’adapter ses connaissances et compétences dans un domaine peu traditionnel pour une diététicienne. Non seulement il y a une opportunité d’en développer de nouvelles, mais aussi du point de vue de professionnel, ce projet m’a encouragée à réfléchir à ma manière de travailler en équipe tant le contexte est différent de celui d’une équipe de soins ou d’enseignement. Enfin, côté pratique, les contraintes liées à l’alimentation sur la Lune (notamment l’économie d’eau et l’impossibilité d’y élever des animaux) m’a incitée à me pencher sur les modes d’alimentation et de production plus durables (végétarisme, végétalisme, aéroponie et hydroponie), ce qui résonne fortement avec les défis terriens du réchauffement climatique.
Quelles sont les contraintes et les impératifs à prendre en compte lors d’un repas/pour se nourrir dans l’espace ?
À quoi faut-il penser ?
Tout d’abord, il y a une limitation quant au volume et au poids que l’on peut transporter et sur place la préparation doit être économique en eau. L’hygiène alimentaire est aussi un aspect important à prendre en compte.
Pour pimenter le tout, les astronautes auront un emploi du temps (« flight plan ») bien rempli et comportera des séances d’activité physique. Dès lors les repas doivent être faciles, rapides à préparer et consommer, tout en répondant à leurs besoins nutritionnels.
Malgré toutes ces contraintes, j’ai à cœur que les astronautes puissent prendre du plaisir à manger. L’alimentation joue un rôle dans le bien-être psychologique et il n’est pas difficile d’imaginer, au vu des évènements récents, que le confinement dans un espace restreint peut constituer une véritable épreuve pour le moral.
La vie dans l’espace demande-t-elle un régime particulier ? Y-a-t-il des choses/aliments qu’il faut absolument avoir ou au contraire absolument éviter ?
Dans l’espace, la physiologie humaine est fortement impactée (appétit et dépense énergétique réduits, déminéralisation osseuse, fonte musculaire, redistribution des fluides corporels, exposition à l’irradiation), par conséquent l’alimentation doit être repensée pour pallier ces modifications : il faut veiller minutieusement aux apports en vitamine D, calcium, fer, antioxydants, fibres, sodium, … La particularité serait qu’il faudrait impérativement faire usage de compléments alimentaires spéciaux, ce qui n’est pas le cas sur Terre.
Quelle est votre expérience vis-à-vis du projet ?
Il y a du travail certes, que je dois concilier avec mon poste d’assistante et les cours du master en santé. Mais c’est une chouette expérience, très instructive, qui en dépit des restrictions sanitaires m’a permis de faire de nouvelles rencontres. Ce projet est une initiative 100% étudiante qui est rendue possible grâce à de nombreux parrains et une campagne de crowdfunding. C’est sincèrement impressionnant et gratifiant d’en voir la concrétisation !
J’encourage mes homologues et étudiant-e-s à s’impliquer dans des projets qui leur permettent de sortir de leur « zone de confort » !