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Une histoire de légitimité
Charlotte Laubard déplie ce qu’elle nomme « l’énigme autodidacte » dans ce podcast associé à un large corpus d’images. Protéiforme, cette énigme interroge les modes d’apprentissage et l’invention artistiques autant que les critères de légitimité qui régissent l’histoire de l’art. Elle propose notamment de mettre en parallèle la trajectoire d’artistes qui ont fait l’objet de différentes appellations telles que « brut », « outsider », « naïf » avec celle d’artistes des avant-gardes, qui, dans les années 1950, ont dû mettre en œuvre une forme de désapprentissage pour rompre avec la tradition, ou encore de créateurs venus de sphères et cadres d’apprentissage non-occidentaux.
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L'apprentissage auto-reverse
Dépeint en singulier absolu, à la fois solitaire et providentiel, l’auteur-compositeur-interprète et dessinateur américain, Daniel Johnston (1961-2019) s’est souvent vu attribuer les qualificatifs de « naïf », « outsider », « brut » forgés par l’historiographie artistique. À partir de lectures tour à tour mondaines, hagiographiques, biographo-pathologiques qui ont été faites de la production de Daniel Johnston – et accompagné par ses chansons en fond sonore, Christophe Kihm explique en quoi le musicien incarne un certain mythe du génie autodidacte, à rebours des valeurs d’une pop music considérée comme inauthentique et commerciale.
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L’énigme autodidacte, de la fabrique de l’œuvre à sa reconnaissance
En évoquant une série de découvertes faites dans le cadre de ses recherches sur les apprentissages « informels » ou non « formatés », Hélène Bézille explore la construction socio-historique de la figure de l’autodidacte. Elle observe notamment comment cette figure double oscillant entre disqualification et reconnaissance, aliénation et émancipation, a gagné en légitimité à partir des années 1960 avec l’édification du self-made man et « l’artification » croissante de ce que l’on considère comme des singularités radicales.