Dépeint en singulier absolu, à la fois solitaire et providentiel, l’auteur-compositeur-interprète et dessinateur américain, Daniel Johnston (1961-2019) s’est souvent vu attribuer les qualificatifs de « naïf », « outsider », « brut » forgés par l’historiographie artistique. À partir de lectures tour à tour mondaines, hagiographiques, biographo-pathologiques qui ont été faites de la production de Daniel Johnston – et accompagné par ses chansons en fond sonore, Christophe Kihm (HEAD – Genève, HES-SO) explique en quoi le musicien incarne un certain mythe du génie autodidacte, à rebours des valeurs d’une pop music considérée comme inauthentique et commerciale. En analysant sa pratique spécifique de l’enregistrement – qui, jamais dupliqué, est amené à être constamment réenregistré – Christophe Kihm suggère que cette répétition permanente permet à Daniel Johnston d’instaurer un dialogue avec lui en même temps qu’il « s’apprend » et s’invente en tant que sujet. Il propose ainsi de substituer à l’idée d’apprentissage par soi-même, celle d’un apprentissage avec soi-même – l’avec soi se construisant par la manipulation et la connexion à des machines (le magnétophone), à des instruments (piano, guitare), et à des figures spécifiques – qu’elles existent dans la sphère intime ou dans celle, fictive, des comics.
Conférence
Discussion
Bibliographie
Articles de presse consultés dans les journaux suivants : Les Inrockuptibles, Rolling Stone, Le Monde, Télérama, Benzine… Daniel Johnston, éditions Rizzoli, 2009 Xavier Lelièvre, Sorry Entertainer. La production artistique de Daniel Johnston de 1979 à 1986, éditions le Camion blanc, 2017 The Devil and Daniel Johnston, documentaire de Jeff Feurzeig, Mongrel Media, USA, 2005 (109 minutes)