Investissement subjectif et distance dans les métiers de l'humain

Comment les professionnels font-ils face à cette double injonction dans la gestion de leur activité?

Kim Stroumza Boesch, Sylvie Catherine Mezzena, Laurence Seferdjeli (HEdS, Genève), Janette Friedrich (Université de Genève)

Les professionnels des métiers de l’humain se doivent d’être investis dans leur activité avec les usagers, « authentiquement présents », afin que du lien se tisse, du sens se construise. En même temps la professionnalité de cette relation inclut, par nécessité aussi bien pour les usagers que pour les professionnels, une forme de distance, une limitation d’un investissement subjectif qui peut devenir excessif lorsqu’est sacrifiée la professionnalité même. Dès lors, comment les professionnels font-ils au quotidien, de manière individuelle et collective, pour tenir ce difficile et délicat équilibre ? Quelles réponses apportent-ils au cœur de leur activité, pris dans la tension entre « amour-vocation » d’un côté et « profession-technicité » de l’autre, constitutive d’un point de vue historique du travail social ? Cette recherche prend pour objet d’analyse les activités des professionnels et a pour propos d’apporter, à l’aide d’une conception non-rationnelle de l’action, un éclairage théorique dépsychologisant de cette problématique, utile aussi bien pour les professionnels que pour les étudiants en formation initiale. Nous l’aborderons en analysant les activités d’éducateurs dans un contexte émotionnellement particulièrement éprouvant, au sein d’un centre de jour du service médico-pédagogique accueillant des adolescents manifestant des troubles du comportement.