Le XIIIe siècle occidental donne naissance au récit légendaire d’un pape parturiant, celui de la « papesse » Jeanne. Ce récit, bien qu’il soit au cœur d'une riche production littéraire, iconographique et historiographique, du XIIIe siècle à nos jours, n’a été considéré qu’à travers une grille de lecture d’un seul possible jusqu’ici, le possible cis, celui de la seule congruence avec son sexe d’assignation : Jeanne, une femme, se déguise en autre, en homme, et par là, se travestit et se cache. Ce possible s’avère peu à même de rendre compte à lui seul de l’étendue des possibles médiévaux : Jeanne est aussi Jean, et Jean, lui, est possiblement un homme trans.
L’hypothèse du récit johannique en tant que produit d’une société reconnaissant a minima la possibilité d’une fluidité d’expression peut pourtant être envisagée. Il est en effet question de voir le personnage de Jean sous un angle nouveau, celui d’un écho culturel d’un fait trans connu de l’érudit médiéval. Ce fait trans généralisé semble être le plus à même d’expliquer avec rigueur l'ambiguïté manifeste du corpus littéraire et iconographique.