Dans ce portrait, il est autant question du CCC, le programme de recherche master de la HEAD – Genève dont Doreen Mende est la responsable depuis 2015, que du parcours professionnel et intellectuel de cette curatrice et théoricienne. Mende revient sur l’orientation féministe et décoloniale d’un programme, fondé par Catherine Quéloz dans les années 1990, qui amène ses étudiant·e·x·s à « penser autrement » et à trouver leur voix et leur méthodologie pour se lancer dans un projet de recherche. Elle insiste sur la nécessité d’une approche critique et autoréflexive par rapport aux conditions et aux structures d’une institution éducative, par exemple du point de vue de l’inclusivité. En ce sens, le CCC s’impose comme un lieu privilégié pour aborder les débats qui agitent la société, et en particulier le monde estudiantin, actuellement. Plus largement, Mende développe certains concepts qui guident sa pratique d’autrice et de curatrice attentive à la géopolitique et à la chronopolitique des expositions d’art, à l’exemple de la notion de « métabolisme des archives » qu’elle emploie pour retravailler l’histoire et faire apparaître ce qui a été effacé ou tu. Son projet de recherche actuel, financé par le FNS, Decolonizing Socialism, témoigne de cette attention aux normes et idéologies enfouies dans les productions culturelles.
