Cette conférence se concentre sur la façon dont la non-binarité, en tant qu'outil analytique, officie comme portail vers la reconsidération des conceptions dominantes de temporalité, de territorialité et de forme, en-dedans et au travers des différences sociales. En commençant par les représentations littéraires et médiatiques des monstres du Green Swamp et de l'Honey Island Swamp – des contes de marais qui ramènent le 18ème et le 19ème siècle au temps présent – cette présentation met en lumière la monstruosité de la fugitivité. L'histoire du monstre du Green Swamp démarre comme une histoire de prétendu « homme retourné à l'état sauvage », après qu´un homme échappe à une traque policière dans les années 70 en disparaissant dans les marais de la Floride centrale. Le monstre de l'Honey Island Swamp, « aperçu » en 1963 dans les marais entourant la Nouvelle-Orléans, n'a pas de référent manifeste mais plutôt de nombreuses dénominations, notamment le Rogarou, le Jetiche, et en français cajun la Bête Noire. Cette présentation se conclut sur une réflexion axée sur le documentaire de Juliana Curi Uyra: the Rising Forest, et s'interroge sur la production de cadres de lecture alternatifs pour appréhender les enjeux liés au genre et à l'environnement par les artistes et activistes noirs et autochtones queer, trans et non-binaires, à travers la praxis abolitionniste et décoloniale.
