Nathalie Boulouch nous rappelle que la photographie en couleurs a, dès son invention au début du XXème siècle et jusqu’au mitan des années 1970, été l’enjeu de débats non seulement techniques mais également esthétiques, sociaux et économiques. Les polémiques entourant la photographie couleur ont réveillé celles qui, quatre-vingts ans plus tôt, avaient émaillé la naissance du médium, à la notable différence près que c’est aussi entre photographes qu’elle s’est jouée, sur l’opposition entre noir et blanc et couleur.
Nathalie Boulouch décrit très précisément l’évolution des débats et de la perception de la photographie couleur notamment en fonction des évolutions techniques et de leur influence, de l’acquisition des images à la diffusion. Elle révèle également les hiérarchies esthétiques ‒ non dénuées d’arrière-pensées de classe ‒ entre amateurisme et commerce d'un côté et "Art" de l'autre. Elle met aussi en évidence l’appropriation, justement par les amateurs, d’usages photographiques nouveaux, parfois favorisés voire poussés par des entreprises ainsi que le cheminement de photographes, de critiques, d’institutions ; des enthousiastes aux réticents en passant par les ambivalents.
Les réflexions qu’elle élabore résonnent singulièrement avec les débats contemporains sur la production d’images.