Lacunae Ciconiae : voix perdues dans l'œuvre d'un musicien liégeois vers 1400

Responsable(s)


Équipe


Partenaires

Marina Toffetti, Universita di Padova (UNIPD)

Bart Demuyt, Universiteit leuven (KUL) / Alamire Foundation

Patrizia Bovi, Associazione Musicale Micrologus

Pierre Bornachot, CRR Ambronay

Julia Craig-Mcfeely, DIAMM

Date de début: 2019


Présentation du projet

Ce projet vise à reconstruire les voix manquantes dans l'œuvre de Johannes Ciconia (ca.1371-1412) et des musiciens de son entourage. Plusieurs compositions, soit solidement attribuées à Ciconia, soit ayant une étroite affinité avec son style, ne survivent que dans des sources endommagées et nous sont parvenues non pas sous forme d'œuvres complètes, mais sous forme de fragments. La musique fragmentaire a tendance à être négligée par les chercheurs et les interprètes, en raison des problèmes posés par une musique soit incomplète, soit devenue illisible à l'œil nu. Notre projet se concentre sur la reconstruction de cette musique fragmentaire, en utilisant l'intelligence hybride pour proposer des éditions performables d'un certain nombre de pièces et en réévaluant leur place dans l'œuvre de Ciconia. Ce travail permettra également une exploration plus approfondie de l’art (sciencia) et de la pratique (ars) du compositeur de la fin du Moyen Âge.

Une première phase du projet s'est déroulée en 2019-20, impliquant une analyse approfondie du corpus de compositions survivant intact, produisant une bibliothèque de loci communes musicales, et l'utilisation de celles-ci pour la reconstruction d'une sélection de pièces incomplètes attribuées ou attribué à Johannes Ciconia. Le projet a combiné des méthodes d'analyse musicale traditionnelles avec des approches numériques, en utilisant l'application Music21 développée par le MIT. Cette approche nous a permis de faire des comparaisons plus rapides et plus exhaustives entre notre corpus de pièces complètes et les compositions incomplètes. En outre, l'équipe a appliqué et développé les méthodes existantes de reconstruction photographique numérique, pour récupérer des informations musicales sur des folios en parchemin particulièrement endommagés. Cela nous a non seulement permis de proposer plusieurs corrections à l'édition existante des œuvres de Ciconia, mais a également produit un certain nombre de candidats plausibles à la reconstruction parmi des pièces de sources également endommagées.

La phase actuelle de Lacunae Ciconiae (2022-2024) s'appuie sur les résultats antérieurs obtenus par le projet, en utilisant une technologie d'imagerie de pointe et en développant des outils d'analyse musicale numérique, spécifiquement pour le répertoire. Dans la culture semi-orale de la création musicale polyphonique du tournant du XVe siècle, le processus de composition ne peut être étudié de manière satisfaisante sans tenir compte de la transmission orale et des composantes mentales de la composition et de l'improvisation. Un ensemble de « laboratoires vivants » à petite échelle (titre provisoire : LacunaLab) mènera des expériences pratiques dans ces domaines, guidés par le chercheur principal.

Conférence "Lacunae Ciconiae, voix perdues dans l'œuvre d'un musicien liégeois vers 1400"
Vendredi 30 octobre 2020 à 17h, salle de la Bourse, Genève

Voir la conférence live sur Youtube