HES-SO Genève

Un "langage épicène pour la formation"

HES-SO Genève
mar, 12/05/2015 - 09:30

La revalorisation de la voie professionnelle est au cœur des politiques de formation, tant au niveau cantonal que fédéral. L’enjeu est de taille, il s’agit de préparer les jeunes à leur entrée dans le monde du travail et de proposer simultanément aux entreprises et institutions le personnel qualifié dont elles ont besoin. Avec la création des HES, la Suisse a opéré un changement complet de paradigme, une véritable révolution dont le public n’a pas encore pris toute la mesure, car si le système a évolué, les mentalités, elles, peinent à s’adapter. Nous sommes encore trop nombreux, y compris parmi les acteurs de la formation, à nous référer inconsciemment à un modèle désormais dépassé : à la sortie du Cycle d’Orientation, il existerait une voie royale, maturité gymnasiale et université, et une voie de deuxième catégorie, l’ECG et la formation professionnelle.

Cette perception obsolète est ancrée jusque dans le langage quotidien qui oppose voie professionnelle et formation supérieure, réduisant cette dernière au seul parcours universitaire. Combien de formulaires officiels, de questionnaires, de menus déroulants sur internet font-ils du tandem collège-université l’unique choix en matière de formation tertiaire, oubliant tant les HES que les écoles polytechniques fédérales ? Réformer le système n’est donc pas suffisant, il faut aussi réformer la manière d’en parler, remplacer l’expression « universitaire » par celle plus englobante de « formation supérieure », donner ainsi leurs lettres de noblesse à toutes les formations tertiaires qui participent si clairement du succès de l’économie suisse. Choisir ses mots ne résoudra pas le problème, mais c’est une étape nécessaire vers une prise de conscience plus large, tout comme le langage épicène ne résout pas les inégalités entre les sexes, mais installe la problématique dans les débats du quotidien. Il nous faut un « langage épicène de la formation » pour traquer les stéréotypes et amorcer cette revalorisation tant désirée.

A Genève, il y a urgence ! Un jeune sur deux entre au collège, mais un collégien sur trois le quitte sans avoir obtenu de maturité gymnasiale. Priés de faire taire une vocation différente, encouragés à suivre un cursus inadapté pour eux, de nombreux jeunes se retrouvent ainsi en situation d’échec, faute d’avoir rejoint d’emblée la voie professionnelle. Et pourtant. Avec la création des Hautes écoles spécialisées, la voie des études supérieures est désormais ouverte à celles et ceux qui ont fait le choix initial de l’apprentissage et peuvent suivre un chemin qui les mènera du CFC jusqu’au doctorat !

François Abbé-Decarroux, Directeur général HES-SO Genève