La Ligne de partage des eaux, Dominique Marchais
© Dominique Marchais

Soirées Dominique Marchais au Spoutnik

Juin 2014

Le Département Cinéma/cinéma du réel de la HEAD-Genève et le cinéma Spoutnik ont eu le plaisir de présenter :

Paysage et politique : les films de Dominique Marchais

 

Qu’est-ce qui façonne les territoires de nos vies ? Dans quels espaces et paysages voulons-nous vivre ? Comme dans un diptyque, Le Temps des Grâces et La Ligne de partage des eaux sont deux volets qui se regardent et se renforcent mutuellement : un volet histoire pour Le Temps des Grâces, puisque le film revenait sur la période des Trente Glorieuses, et un volet géographie pour La Ligne de partage des eaux, qui descend le bassin versant de la Loire, des territoires ruraux du Massif central aux enjeux urbains de la métropole nantaise. « Quand on interviewe un agriculteur, explique le cinéaste, il ne parle pas seulement de questions agricoles mais aussi du Syndicat des eaux, du foncier agricole consommé par les développements des villes, de l’Etat, de l’intercommunalité, etc. Donc on parle d’urbanisme et de politique, d’organisation institutionnelle et d’écologie. » Les films ont donc en commun cette envie d’embrasser large, comme dans le puzzle qui ouvre le second : de la source à l’estuaire, des jeux d’enfants à l’agriculture ou l’industrie, mais aussi les routes, les villages et les villes. Et aussi tous ces nouveaux objets qui eux ne figurent pas sur les images d’Epinal : les centrales nucléaires et les stations d’épuration, les barrages et les éoliennes, les plateformes logistiques et les lotissements. Comment faire un tableau qui fasse tenir ensemble toutes ces choses qui ont des conséquences très concrètes sur notre vie et notre espace ? Les films de Dominique Marchais enquêtent et méditent sur le tort fait aux territoires, aux paysages, sur la catastrophe en cours. Ils donnent aussi la parole et rendent justice à tous ceux qui s’efforcent de mieux voir et comprendre le monde, de le réparer, de changer les usages politiques. Après l’enquête historique du Temps des Grâces, la méditation géographique de La Ligne de partage des eaux questionne la possibilité d’un monde commun, partagé, les conditions d’une vie démocratique dans des territoires respectés, ménagés.

Lundi 2 juin, 20h
Le Temps des Grâces (2009, 2h12)
Une enquête documentaire sur le monde agricole français aujourd’hui, à travers de nombreux récits : agriculteurs, chercheurs, fonctionnaires, écrivains... Un monde qui parvient à résister aux bouleversements qui le frappent - économiques, scientifiques, sociaux - et qui, bon gré mal gré, continue d’entretenir les liens entre générations. Un monde au centre d’interrogations majeures sur l’avenir.
Projection suivie d’un débat entre le cinéaste et l’architecte Georges Descombes, animée par Cyril Neyrat (HEAD – Genève).

Mardi 3 juin, 20h
La Ligne de partage des eaux (2014, 1h48)
La Ligne de partage des eaux s’inscrit dans le périmètre du bassin versant de la Loire, de la source de la Vienne sur le plateau de Millevaches jusqu’à l’estuaire. Le bassin versant, et non pas le fleuve Loire ! C’est-à-dire le plan inclinée vers la mer, la totalité de l’espace irrigué, pas seulement le trait de la rivière. C’est-à-dire les zones d’activités et les zones humides, les fossés et les autoroutes, les salles de réunions et les chantiers. Car l’eau est partout, dans les sols, dans les nappes, dans l’air, circulant, s’infiltrant, s’évaporant et partout reliant les territoires entre eux, désignant leur interdépendance, nous faisant rêver à leur solidarité. La ligne de partage des eaux n’est donc pas seulement cette ligne géographique qui sépare des bassins versants mais elle est aussi la ligne politique qui relie des individus et des groupes qui ont quelque chose en partage : de l’eau, un territoire, un paysage.
Projection suivie d’une discussion avec le cinéaste, animée par Cyril Neyrat (HEAD – Genève).

 

Voir tous les projets de l'école